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Libération
Mauvaise nouvelle

Concert du groupe irlandais propalestinien Kneecap : la région Ile-de-France retire ses subventions à Rock-en-Seine

Tandis que la venue la venue des rappeurs fait polémique, le festival se voit amputé d’une grosse enveloppe.
Kneecap lors d'un concert en Suède le 7 août dernier. (Adam Ihse/AP)
publié aujourd'hui à 18h15

Un énième rebondissement. La région Ile-de-France a annoncé jeudi 21 août retirer son aide financière à Rock en Seine pour l’année 2025. Le festival «ne souhaitant pas déprogrammer le groupe Kneecap, avec la présidente Valérie Pécresse, nous avons immédiatement réagi en décidant qu’il n’y aura pas un euro de subvention», a déclaré Jérémy Redler, maire du XVIe arrondissement de Paris et conseiller régional aux Grands Evénements, sur X le 21 août.

Parmi ces fonds, 150 000 euros destinés à l’achat de billets par la Région, notamment à destination du jeune public, ont également été annulés. Le montant total de ce retrait n’a pas été spécifié, mais le montant de la subvention s’élevait à 540 000 euros en 2024. Cette annulation ne vaut que pour 2025 et pèse relativement peu au regard du budget du festival, compris entre 16 et 17 millions d’euros cette année. Elle s’ajoute toutefois au retrait de celle de la ville de Saint-Cloud, où se déroule les festivités. La mairie de droite avait décidé, en juillet dernier, de retirer les 40 000 euros versés au festival.

«Cette décision tardive et unilatérale […] vient donc sanctionner l’ensemble de la programmation et l’organisation de tout un festival dont la direction n’a pas cédé aux pressions pour déprogrammer ce groupe», ont protesté les élus de la Gauche communiste au conseil régional d’Ile-de-France. «Cette suspension constitue donc un avertissement et une pression supplémentaire sur les acteurs culturels dont la liberté de programmation devrait être mise au diapason de l’arbitraire droitier».

Des appels à l’annulation du concert

La suppression de la subvention intervient dans un contexte de haute tension, tandis que plusieurs personnalités et organismes appellent à la déprogrammation du concert prévu dimanche du trio nord-irlandais, engagé pour la cause palestinienne et accusé de soutenir le Hezbollah. «En maintenant les Kneecap, les organisateurs transforment Rock en Seine en festival de la honte», a déclaré le président du Conseil représentatif des institutions juives de France, Yonathan Arfi sur X.

«Ils profanent la mémoire des 50 Français victimes du Hamas le 7-Octobre comme de toutes les victimes françaises du Hezbollah. Les artistes peuvent être engagés mais les apologistes du terrorisme n’ont pas leur place dans des festivals en France» a-t-il poursuivi. En mai, la présidente LR de la région Valérie Pécresse avait également appelé sur X à la déprogrammation de Kneecap, arguant que ses prises de position faisaient l’objet de «poursuites devant la justice britannique pour apologie du terrorisme».

«Tout propos à caractère antisémite, d’apologie du terrorisme ou appelant à la haine» fera «l’objet de poursuites judiciaires», a mis en garde le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, dans une lettre datée du 14 août, en réponse à Caroline Yadan, députée de la 8e circonscription des Français établis hors de France dont Israël fait partie qui l’avait interpellé sur le sujet.

En réaction, Rock en Scène a assuré avoir pris ses précautions : des «discussions» ont eu lieu avec l’entourage des artistes pour clarifier leurs positions et la direction du festival a eu «confirmation» qu’«il n’y aurait pas de débordements». L’évènement est détenu par le géant américain des tournées AEG et Combat, groupe de l’homme d’affaires français Matthieu Pigasse, qui voit dans la présence de Kneecap un enjeu de «liberté de création et d’expression». Pour l’heure, le groupe a joué aux Eurockéennes de Belfort et au Cabaret vert de Charleville-Mézières, sans incident.

Un groupe engagé

Les musiciens originaires d’Irlande du Nord brandissent régulièrement des drapeaux palestiniens lors de leurs performances, et dénoncent sur leurs réseaux sociaux «les massacres» ayant lieu dans la bande de Gaza, et orchestrés par «un criminel de guerre [Benyamin Nétanyahou]». Ils déplorent aussi les méthodes du gouvernement britannique qui use de son arsenal judiciaire pour «persécuter les artistes qui osent s’exprimer».

Mais leur soutien affiché à la Palestine a provoqué l’annulation en cascade de plusieurs concerts, notamment à Berlin et aux Cornouailles. L’un de ses trois membres, Liam O’Hanna dit Mo Chara, est poursuivi pour «infraction terroriste» après avoir arboré un drapeau du Hezbollah pendant un concert à Londres en 2024, où il a comparu mercredi dans la capitale britannique.