Ces dernières années, la musique de Cristian Vogel a fait sécession avec le club. Le Britannique d’origine chilienne fut pourtant, au mitan des nineties, un DJ animateur de rave party surmotivé. Au sein du collectif brightonien No Future, où il collaborait fiévreusement avec Si Begg ou Jamie Lidell, Vogel était une furie futuriste, qui faisait vriller la techno à chaque nouveau morceau, mais avec toujours la même idée derrière la tête : transformer la piste de danse en champ de bataille du Jugement dernier. Il faut dire qu’il était porté par une dynamique historique, jamais égalée depuis au Royaume-Uni, où toute la dance music du pays, techno brutale et jungle mêlées, redoublait d’innovation ahurissante au rythme trépidant d’une petite révolution par semaine.
Les propres disques de Vogel étaient des machines à sonder l’inconnu, ultraperfectionnées et en lien direct avec ses idoles de jeunesse de la musique électronique de recherche (Stockhausen), qu’il avait étudiée à l’université, mais agitées de machineries funk au-delà de l’irrésistible. Qui n’a jamais balancé son corps sur Bite and Scratch ou Ninjah n’a pas vraiment fait fait l’expérience de la techno européenne à son absolu sommet, puisque Vogel s’y révélait à lui tout seul l’égal d’un Jeff Mills, d’un Basic Channel et d’un Autechre. Conséquence de cette dualité, il fut repéré en même temps, en 1994, par Mille Plateaux (label expérimental et deleuzien en train de se monter