C’est une affiche en caractères gothiques qui a mis le feu aux poudres. Publiée en ligne, elle annonce que quatre groupes de black metal d’inspiration néonazie devraient se produire «dans l’est de la France», dans un lieu secret. Selon Médiapart - qui a repéré l’affiche - le lieu exact n’y est pas précisé : une stratégie mise en place pour éviter toute interdiction préalable. Les réservations se font donc en adressant un courriel aux organisateurs qui, par retour de mail, envoient un message expliquant que le lieu exact de la soirée sera annoncé quelques heures seulement à l’avance. Et le message précise également que le paiement (20 euros) se fait en ligne.
Toujours d’après Mediapart, le festival, baptisé en anglais «Night for the blood» («Nuit pour le sang») aurait lieu dans un rayon de 20 km autour d’Epinal, préfecture du département des Vosges. D’autres sources ont fait état d’un rayon de 50 km autour de Saint-Dié, autre commune des Vosges. Aussi, selon les informations de France Bleu, Gérald Darmanin a demandé aux six préfets potentiellement concernés (Vosges, Haut-Rhin, Bas-Rhin, Haute-Saône, Moselle et Meurthe-et-Moselle) «d’interdire ce concert», et le ministère de l’Intérieur affirme avoir mis à disposition «les moyens nécessaires» pour faire respecter l’interdiction.
Le « Night for the Blood », fest de black metal national socialiste (NSBM), devrait se tenir samedi 25 février dans les environs de Saint-Dié-des-Vosges. À l’affiche, quatre groupes nazis : Stahlfront (Allemagne), Eidkameraden (Suisse), Leibstandarte et Todesschwadron (France). pic.twitter.com/bML3PFbQRX
— Donatien Huet (@dodonatien) February 18, 2023
«Ça nous révolte»
Or, face aux restrictions en vigueur en Allemagne contre la mouvance néonazie, il n’est pas rare que des nostalgiques du IIIe Reich dans ce pays choisissent l’est de la France pour des rassemblements, organisés sur des terrains privés ou bien dans des salles communales, sous de faux prétextes.
Justice
Interrogé, le maire d’Epinal, Patrick Nardin assure être «en train de vérifier toutes les locations de salles». «On a briefé la police municipale. On est sur nos gardes», ajoute l’édile. «Comment peut-on avoir encore aujourd’hui de tels rassemblements ?», s’insurge-t-il par ailleurs. «Ça nous révolte, surtout dans des secteurs comme les nôtres où la Seconde guerre mondiale a laissé des traces. Ici, il y a eu de nombreux fusillés, des Spinaliens qui ont résisté», conclut-il. Contactés par mail par l’AFP, les organisateurs du festival n’ont pas encore donné de réponse.