«A part le manque de représentation des blacks, des pédés et des acids teds, je ne vois pas de défaut à cette fête qui m’a paru si sincère, si simple, qu’elle devrait donner quelques idées aux clubs miteux que Paris a désormais à nous offrir.» Voici comment Didier Lestrade conclut sa chronique du 28 mars 1990, un jeudi – les premiers mots écrits dans Libé sur une rave en France, «dans un hangar SNCF de la rue d’Aubervilliers». Pas de fanfare ni de trompettes, de l’exigence qu’on aurait tort de confondre avec de la râlerie, un jeudi comme les autres (deux fois par mois) pour ce fou de musique house qui a rejoint la rédaction du quotidien quatre ans plus tôt, après que Michel Cressole, qui le lisait avec ferveur dans Magazine et Gai Pied, l’a invité à écrire sur ses musiques préférées. Au mitan des années 1980, Libé, résolument rock comme la majorité de la presse grand public, a raté quelques coches, dont les musiques noires, en contradiction avec ses engagements. Mais le jeune Lestrade espère bien changer ça. «Le raï était mieux traité que la soul. J’ai vu un trou et j’ai commencé à argumenter là-dessus, se souvient-il au téléphone, plusieurs décennies plus tard. Le tournant, ça a été mon premier voyage à New York en 1987, ou j’ai fait tous les clubs. Je voyais le truc se développer d’une manière rapide, jusque dans les charts anglais. Et donc j’avais un argument commercial derrière : OK, c’est marginal, mais ça fait des tub
50 ans, 50 combats
Des premières raves aux teknivals interdits, «Libé» pionnier des musiques électroniques
Article réservé aux abonnés
Libération a 50 ansdossier
La une de «Libé» des 19 et 20 septembre 1998.
par Olivier Lamm
publié le 4 novembre 2023 à 4h00