On n’en finit plus de s’extasier face à la production venue d’Afrique du Sud, notamment aux confins d’un jazz tendance ouvert à tous les possibles. L’histoire n’est pas nouvelle dans ce pays, mais elle a pris un nouvel élan avec les années 2.0., ce que vient confirmer ce premier disque en forme d’état des lieux, festif et prospectif, de ceux qui se jouent de l’incertain jazz pour en réinventer les codes.

Tout a commencé en 2016 lorsque Sibusile Xaba, guitariste et chanteur révélé par le label Mushroom Half Hour (sur le même label, écoutez donc Turbulence and Pulse du batteur Asher Gamedze) croise la route du DJ Ashley Kgabo, touche à tous les synthés. Autour de cette paire – Xaba désormais aux claviers, mbira et chant ; Kgabo aux machines à sons et même au micro –, seule ou presque à la manœuvre sur une poignée de titres au fort pouvoir d’envoûtement (Agenda Remember planant à souhait en ouverture, l’instrumental Birds (Of a Feather) réactivant avec brio le syndrome intelligent jungle) s’agrémentent pour une autre moitié des thèmes en grande formation. Soit une quinzaine de musiciens sud-africains et mozambicains, regroupés sous le nom de Izangoma, sessions où l’enchantement des compositions, des chansons ancrées dans le vaste répertoire de la Great Black Music, se situe aux frontières de la vitale improvisation et de sa régéné