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Libération
On y croit

DJ Koze et effets

Le vétéran allemand livre un nouvel album aux sonorités charnelles, exotiques et délicieusement imprévisibles.
Avec «Music Can Hear Us», DJ Koze nous entraîne dans un trip fastueux. (DR)
publié le 3 mai 2025 à 23h00

En préambule, un avertissement est nécessaire. Ce «DJ» placé devant le nom de l’artiste peut être sacrément trompeur. Que l’on cherche de la matière pour faire tourner les serviettes un soir de 14 juillet ou bien pour se retourner la tête en prenant sa chambre pour un simili dancefloor, on risque d’être fort marri à l’écoute du nouvel album de Stefan Kozalla. Même s’il manie également de manière talentueuse les platines, on pourra s’en rendre compte lors du prochain festival parisien We Love Green, cet Allemand affectionne surtout de quitter ce rôle d’ambianceur, pour emprunter des voies de traverses quand il s’agit de fomenter sur la durée (plus d’une heure ici) ses propres compositions. A n’en pas douter, avec lui, la confection d’un «album», envisagé dans une homogène globalité prend tout son sens. La démarche est toute personnelle mais Koze n’est pas un égoïste et il cherche bien sûr à nous embarquer dans son trip fastueux.

L’intitulé Music Can Hear Us exprimant bien le trouble certain provoqué par ces titres étranges et délicieux où le producteur joue avec les sonorités, les invités, les langues, dans une explosion de psychédélisme électronique. Avec comme plus bel exemple cette ode joliment spirituelle The Universe in a Nutshell (l’univers en résumé). A son écoute, il est fort possible pour un esprit aux chakras ouverts de grimper très haut grâce à ces presque huit minutes où une sorte de mantra tourne en boucle tandis que des instruments d’origines indéterminés composent une fastueuse sarabande mélodique. Un manifeste de Pure Love démontré plus tard dans le scintillant titre du même nom qui voit une nouvelle fois Damon Albarn briller chez les électroniciens, après son featuring récent avec Etienne de Crécy. Adepte d’un réjouissant espéranto musical, ce cinquantenaire réussit aussi à plusieurs reprises la prouesse de rendre sexy la langue de Goethe. Mieux avec Wie schön du bist, il nous offre une irrésistible ballade pop déglinguée à l’allure de mini-tube. Enfin l’héritier des essorés 99 Luftballons et Der Komissar ?

DJ Koze Music Can Hear Us (Pampa Records). En DJ set le 8 juin à Paris (Festival We Love Green).

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