Quand soudain, un rasta sexagénaire d’1 mètre 90 se met à pousser des hurlements en vous secouant frénétiquement sous le nez un sandwich de la taille d’un sac à dos. Vous êtes face à Don Letts, spectacle ambulant, tornade gesticulante, babillard de premier ordre – accessoirement un de ces types pour qui on sort assez facilement le mot «légende». Réalisateur, DJ, photographe, musicien, Don Letts a été de toutes les révolutions musicales qui ont secoué le sol britannique – proche de Bob Marley qu’il rencontre au moment de sa première venue en Angleterre en 1975, membre non officiel des Clash, qu’il initie au reggae et accompagne avec sa caméra, DJ du premier club punk anglais, le Roxy en 1977. L’homme providentiel, au carrefour du punk et de la musique jamaïcaine – puis du sampling, de la new wave et de la musique électronique avec Big Audio Dynamite, tentative d’hyperpop avant l’heure, dont il se partage durant les années 80 les commandes avec l’ex-Clash Mick Jones.
Réalisateur d’un des premiers films sur le punk anglais (The Punk Rock Movie, 1978), il se fera surtout un nom grâce à ses clips – pour Clash, Public Image, les Pogues ou encore Musical Youth, phénomène pop juvénile de 1982 dont il met en images le tube Pass The Dutchie. Aujourd’hui aux commandes d’une série de documentaires consacrés aux contre-cultures britanniques et animateur radio sur BBC6, ce