Cinquante ans après sa sortie, le premier album d’Heldon, réédité cette fois en vinyle bleu numéroté à 500 exemplaires, n’a rien perdu de son aride magie. Son titre, Electronique Guerilla, frappe toujours fort. Dans l’histoire du rock, et même de la techno française puisqu’il s’agit d’un enregistrement précurseur sur lequel dialoguent synthétiseur «planant» et guitare psychédélique, ce disque est une légende. Selon les historiens, c’est le premier album totalement autoproduit, sorti en 1974, enregistré et commercialisé (17 francs à l’époque) par son auteur. Mais c’est une œuvre étonnante à plus d’un titre. Enregistré quasiment seul par Richard Pinhas, alors tout jeune étudiant en philosophie, bien que déjà doté d’une solide expérience musicale au côté de Klaus Blasquiz, le premier chanteur de Magma, Electronique Guerilla compte un invité surprise, le philosophe Gilles Deleuze, mentor de Richard Pinhas, lisant Nietzsche de son timbre de gourou chevrotant sur le Voyageur. Un morceau enregistré en 1972 puis pressé à 2000 exemplaires distribués gratuitement à l’époque. Pour l’album, il refait surface sous un nouveau titre : Ouais, Marchais, mieux qu’en 68. De l’humour de gauchiste dont les moins de soixante ans n’auront sans doute «pas la réf». Mais, ce n’est pas une raison pour ne pas découvrir ce disque envoûtant.
La réédition
«Electronique Guerilla» de Heldon, guérilla philosophique
Réédition vinyle pour le 50e anniversaire de la sortie de «Electronique Guerilla» d'Heldon. (DR)
par Alexis Bernier
publié le 2 mars 2024 à 23h41