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Concert

Eliane Radigue et Frédéric Blondy, au bonheur des orgues

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Evènement d’un programme qui lui est dédié au festival Variations de Nantes, le pianiste interprètera «Occam XXV», première pièce pour orgue de la compositrice de 91 ans, connue pour sa drone musique exigeante et cosmique.
Blondy avait déjà travaillé, étroitement, avec Radigue pour le monumental «Occam Ocean». (Jean-Christian Rieu/Courtesy Festival Variations)
publié le 7 avril 2023 à 5h04

Janvier 2020, église d’Union Chapel, à Londres. Une note unique, grave et infiniment profonde, résonne, à peine perceptible, et déforme les sons de l’extérieur, circulation, sirènes, oiseaux. Un organiste est bel et bien en train de jouer de l’orgue, caché – c’est la tradition dans ce lieu de culte devenu avec les années un haut lieu culturel où se jouent spectacles et concerts – à la tribune sise derrière les paravents, ornés d’une peinture figurant huit anges musiciens. Sur une chaise, en contrebas, une grande dame de l’avant-garde musicale française écoute. Munie d’un chronomètre, Eliane Radigue, 88 ans à cette date, vérifie que la première pièce pour orgue qu’elle a composée dans sa longue carrière, commande du festival annuel Organ Reframed dirigé par la compositrice écossaise Claire M Singer et mise en œuvre par le pianiste et chef d’orchestre Frédéric Blondy, se déroule comme prévu. Publié en disque un an et demi plus tard, Occam XXV, tel qu’enregistré ce jour-là, témoigne autant du geste de composition d’Eliane Radigue que de son écoute. Elle qui écoute le monde, la musique, et sa musique au plus près depuis ses premières pièces électroniques de la fin des années 60, a été particulièrement attentive au son si fantomal de cet instrument emblématique, ancêtre séculaire du synthétiseur qui l’a accompagnée dans ses recherches pendant des décennies, pour lequel elle composait pour la première fois.

«Largeur du son»

«La musique d’Eliane est un phénomène subjectif, nous expliqu