Elias Ronnenfelt, Speak Daggers (Escho)
Pour une raison étrange mais tout à fait rationnelle, on était persuadés que ce deuxième album solo d’Elias Ronnenfelt serait une catastrophe. L’habitude, à force, de ce mouvement de balancier entre désastre et génie, depuis les débuts d’Iceage, groupe post-punk danois dont Ronnenfelt est devenu le chanteur à l’âge de 17 ans. Un projet mis sur les rails trop vite, trop fort – qui a vu le groupe sur scène à ses débuts s’en souvient encore : des gamins au visage sans traits, languides, arrogants et parfaitement incapables de jouer. Sale réputation, qui a immédiatement jeté un voile sévère sur une discographie alternant gamelles tragiques et fulgurances inouïes (Seek Shelter en 2021), comme les projets périphériques de leur chanteur, des formidables Var aux laborieux Marching Church.
Délesté de son groupe et d’influences trop fièrement portées sur le plastron (Nick Cave, The Birthday Party), Elias Ronnenfelt s’est aventuré pour la première fois seul l’an dernier avec le très réussi Heavy Glory, rapidement suivi d’une irruption fracassante dans la galaxie formée par le londonien