Il y a quelques semaines sur la scène de l’Olympia, Pierre Lapointe dégaine son humour à froid décapant pour introduire une chanson inhérente à la mort : «Selon le nombre de personnes dans la salle, ce n’est pas moi qui le dis mais les statistiques, huit d’entre vous vont mourir l’année prochaine.» Plus loin dans la soirée, il déroule la savoureuse histoire de son ex, rebaptisé «le connard», en mode stand-up. Le numéro fait mouche. Franche hilarité dans l’assistance. Le chanteur québécois, qui a publié cette année le remarquable album Dix Chansons démodées pour ceux qui ont le cœur abîmé, désamorce ses morceaux souvent mélancoliques par des saillies pleines d’autodérision. Ce choc thermique dans lequel il excelle, c’est à la fois sa signature et son approche pour assouplir le rapport formel entre l’artiste et le public. «A travers ma posture sur scène, j’ai l’air tellement sûr de moi que cela peut créer une sorte de mur, affirme-t-il. Le rire permet que les gens s’ouvrent, se décoincent et normalisent ma personne. Lorsque j’arrive ensuite avec mes chansons tristes, ils n’ont plus d’armure et je peux les atteindre en plein cœur.»
Parler ou se taire entre les chansons ? Créer du lien ou se cantonner quasi uniquement à une