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Libération
Violences sexuelles

En prison, les combines de P. Diddy pour préparer son procès

Accusé d’extorsions et de trafic sexuel, visé par plus de 120 plaintes, le producteur et rappeur américain doit comparaître à partir du 5 mai. Incarcéré à Brooklyn, il tente d’influer sur les audiences à venir.
P. Diddy, de son vrai nom Sean Combs, en mai 2022 à Las Vegas. (Xavier Collin/NurPhoto. AFP)
publié le 14 avril 2025 à 16h13

P. Diddy, de son vrai nom Sean Combs, prend son mal en patience derrière les barreaux dans l’attente de son procès, prévu en mai prochain et qui devrait durer environ huit semaines. Le magnat du hip-hop est au cœur d’une affaire de violences sexuelles tentaculaire, visé par plus de 120 plaintes et inculpé pour trafic sexuel. Le chiffre est en constante évolution, car des plaintes ne cessent de s’ajouter au dossier. La dernière en date a été émise le 4 avril pour trafic sexuel et transport à des fins de prostitution. Le rappeur a réfuté cette accusation et plaidé non-coupable le 15 avril. En attendant de comparaître, le producteur est détenu depuis sept mois dans un établissement pénitentiaire de Brooklyn. Et dans un long papier paru ce dimanche, le New York Times révèle les coulisses de sa détention.

Derrière les barreaux en effet, la star déchue du hip-hop prépare son procès et tente de lisser son image avec des stratégies à la limite de la légalité. Selon les procureurs, P. Diddy tente de mettre sur pied des tactiques visant à peser sur la perception des futurs jurés à son procès: le New York Times rapporte ainsi qu’il aurait essayé de joindre des témoins cités dans l’affaire, afin de les influencer. Pour cela, il aurait, selon l’enquête du quotidien new-yorkais, acheté le temps d’appel téléphonique d’autres détenus – chacun n’ayant droit qu’à quinze minutes quotidiennes – en ponctionnant l’argent de certains pour en soudoyer d’autres. En dépit de sa fortune, P.Diddy ne peut en effet disposer que d’une somme plafonnée par la prison à 460 dollars par mois pour acheter friandises, produits d’hygiène et autres accessoires.

Bon père de famille

Depuis sa prison, P. Diddy a également orchestré une vidéo dans laquelle apparaissent ses sept enfants. Le New York Times raconte comment il les a incités à se filmer en train de lui souhaiter un bon anniversaire, puis à publier la mise en scène sur leurs réseaux sociaux. Le tout afin de se bâtir ne image de bon père de famille… tout en surveillant scrupuleusement les statistiques de la publication.

«L’accusé a démontré une capacité étonnante à amener les autres à faire ce qu’il veut – employés, membres de sa famille et détenus», soulignent les procureurs, cités par le journal américain. C’est pourtant notamment pour éviter la subornation des témoins que les juges avaient ordonné l’incarcération de P. Diddy. Particulièrement influent et très fortuné, il avait en effet déjà tenté avant son inculpation de régler à l’amiable, argent à l’appui, l’affaire de violences conjugales l’opposant à son ancienne compagne Cassie Ventura. Celle-ci a finalement maintenu sa plainte.

Un appel de Kanye West

Le rappeur est incarcéré dans un quartier pénitentiaire particulier, où sont généralement emprisonnés d’autres prisonniers de gros calibres, tels que le magnat de la cryptomonnaie Sam Bankman-Fried ou encore Juan Orlando Hernández, l’ancien président du Honduras. S’y trouvent également des membres de gang ayant joué les informateurs auprès du gouvernement.

Globalement, les conditions de détention de P.Diddy sont classiques, ainsi que le révèle l’enquête. Il a accès à une salle de sport, peut regarder la télévision, et même utiliser un ordinateur – sans connexion internet – pour étudier son énorme dossier judiciaire dans la perspective du procès. Mais surtout, il n’est pas à l’isolement, ce que craignaient ses avocats. Il bénéficie donc de son quart d’heure de téléphone quotidien, ce qui a permis au rappeur Ye (ex-Kanye West) de l’appeler pour lui souhaiter un joyeux 55e anniversaire.

Mise à jour le 15 avril à 10 h 33 avec la dernière plainte en date.