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Rencontre

Erkki-Sven Tüür, compositeur estonien : sortir de l’ombre

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A l’occasion de la parution de sa dixième symphonie, «Æris», le sous-estimé compositeur revient sur son parcours et ses inspirations minimalistes.
Le compositeur estonien Erkki-Sven Tüür en juillet à Pärnu, dans l'ouest de l'Estonie. (Eric Dahan)
publié le 16 juin 2025 à 17h39

Parce que la musique estonienne demeure méconnue, on présente souvent Erkki-Sven Tüür comme son compositeur le plus important après Arvo Pärt. C’est injuste, car son œuvre n’est pas moins forte et originale que celle de son illustre aîné. Né en 1959 sur l’île de Hiiumaa, dans l’ouest de l’Estonie, Tüür y réside toujours. «Ma musique ne décrit pas la nature mais ses processus et son énergie m’inspirent. Vivre à Hiiumaa me donne aussi une excuse pour rester concentré sur mon travail et ne pas aller à tous les vernissages et dédicaces de livres à Tallin», raconte-t-il lors de notre rencontre en juillet 2024.

Sa mère était cheffe-comptable à la banque nationale. Son père, théologien autodidacte, parlait plusieurs langues, était pasteur dans une église baptiste et peintre «dans le style du paysagiste russe Isaac Levitan. Académique, certes, mais il savait capter la magie de la nature dans ses toiles.» C’était, enfin, un mélomane, dont les disques d’œuvres de Bach, Haydn, Mozart et Beethoven captiveront Tüür et l’inspireront à prendre des cours de piano.

Dramaturgie fluide

Adolescent, c’est pourtant le gospel qu’il pratique avec des amis, dans une église de Tallin : une double hérésie dans le bloc soviétique ! Il se met à la basse électrique, devient hippie, ne jure que par King Crimson, Emerson,