Perverts
d’Ethel Cain (Daughters of Cain)
A l’instar d’une Lizzy Grant façonnant Lana del Rey pour s’inventer à la hauteur de son ambition, Hayden Anhedönia s’entrevoit comme l’architecte d’Ethel Cain. A la différence que la Floridienne élevée dans la foi baptiste hystérique, émancipée à l’heure de changer de genre, traite moins son alter ego comme un double spectaculaire qu’un réceptacle à sa part sombre, « une tumeur » dont elle aurait fait le choix de ne pas se débarrasser pour la suivre jusqu’au bout de sa perdition. Dont acte avec le massif Preacher’s Daughter (2022), descente aux enfers américaines singulièrement partagée entre hymnes pop criards noyés dans le spleen comme une Taylor Swift défigurée à la bougie et slow core envapé par la codéine. Perverts est présentée par l’Américaine comme un pas de côté mais on n’aura aucune peine à considérer sa propre dualité, entre dark ambient et dark romance à fleur de peau, plus cohérente et stupéfiante encore. Introduite par l’hymne chrétien Nearer, My God, to Thee, l’entrée en matière formidablement hostile qui donne son titre au disque évoque ainsi moins le générique de la série Friday Night Lights (modèle du hit American Teenager) que les expéditions électroniques de Dean Hurley, sound-designer attitré de David Lynch depuis Inland Empire. Sur Pulldrone, Anhedönia énumère les douzes étapes d’un suicide sur fond de bourdon grinçant à la Tony Conrad. Sur Etienne, elle fait résonner des notes plus hospital