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On y croit

«Nothing» : étincelant Darkside

L’américain Nicolas Jaar et son comparse Dave Harrington reviennent avec un très grand troisième album. Toujours inclassable, mais d’une folie psychédélique maîtrisée.
«Nothing», un troisième album magistral pour Darkside. (Lefteris Paraskevaidis)
publié le 1er mars 2025 à 13h09

Depuis Psychic, leur premier album en 2013, les tentatives pour nommer la musique de Darkside ont été nombreuses. Au hasard des plateformes et playlists, on croise des termes plus ou moins farfelus, mais tournant toujours autour de deux pôles, le psychédélisme et son dérivé le rock progressif, en référence à cette tendance des années 70 à aller vers une pop toujours plus baroque et parfois ampoulée, dont on peut imaginer qu’ils se revendiquent si l’on considère que leur nom est une référence au Darkside of the Moon de Pink Floyd. On trouve bien d’autres ingrédients dans leur shaker : ambiant, electronica, latino, deep house ou même cette fois un zeste de disco (S.N.C) ou de country (Are You Tired ?)… mais le cocktail reste toujours aussi mystérieux. Qu’importe la boisson tant qu’on a l’ivresse et de ce côté-là Nothing ce n’est pas rien.

Né de la rencontre entre le musicien américain d’origine chilienne Nicolas Jaar, qui malgré son appétence pour la culture française, n’est pas le fils de Jean-Michel Jarre, mais celui d’Alfredo Jaar, un photographe et architecte chilien de premier plan, et du guitariste new-yorkais Dave Harrington, accompagné pour ce disque du batteur Tlacael Esparza, Darkside est d’abord un projet parallèle qui a pris de l’importance au fil du temps, même si les uns et les autres poursuivent leurs aventures en solo. Moins sombre, mieux construit, aussi abyssal qu’hypnotique, ce troisième album magistral est encore plus fou, inclassable et réussi que les précédents. Certes, il faut se donner la peine d’en ouvrir la porte et de se laisser emporter par ce maelstrom d’idées et de sons. Mais si Nothing est complexe et déroutant au premier abord, ce n’est en rien un disque compliqué et surtout pas comme on aura forcément tendance à le dire «expérimental». Déjà parce qu’il reste totalement musical et qu’il est cette fois non dénué d’une touche d’humour bienvenue. S’il part dans toutes les directions en même temps, Nothing reste un disque pop aux mélodies accrocheuses et dont les chansons peuvent se fredonner sous la douche. Bref, n’ayez pas peur, laissez-vous emporter, tout va bien se passer. Vous entrez dans un très grand disque.

Darkside Nothing (Matador /Beggars)

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