Qu’importe la destination finale, pourvu qu’on ait le voyage et le son. Encore fallait-il le trouver. Au milieu des années 90, c’est souvent à l’oreille, vitres de la voiture baissées, qu’on parcourait les derniers kilomètres jusqu’à la rave party du week-end, dont la localisation était tenue secrète quelques heures avant le déferlement des basses dans un endroit insolite – friches industrielles, salles des fêtes louées sous un autre prétexte, squats ou clubs alternatifs, quand ce n’était pas un bois ou un champ «emprunté» à son propriétaire pour une nuit à rallonge. Il y a trente ans, avant que Lyon la bourgeoise ne mue en hotspot des musiques électroniques (avec les festivals Nuits sonores et Reperkusound), sa région a été un incubateur de ces fêtes plus ou moins clandestines portées par une nouvelle vague musicale : la house et la techno, venue des Etats-Unis et d’Angleterre avant de se propager via Paris dans toute la France.
C’est ce que retrace l’exposition «Entre rave et réalité» de la Bibliothèque municipale de Lyon en s’appuyant sur une riche collection de 12 000 documents sonores (vinyles, cassettes, CD et MP3) provenant d’artistes et de labels de l’agglomération, d’affiches et de fanzines. Mais c’est sur le Bon Coin que les commissaires de l’exposition ont trouvé l’antique téléphone public qui initie la plongée dans cette scène prônant la liberté et un BPM resserré. «C’était l’aventure,