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Exposition

Fela Kuti, afrobeat generation

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Vingt-cinq ans après sa mort, le musicien révolutionnaire, dont deux albums ont été réédités, demeure un symbole de la lutte anticoloniale. Hors-norme et multidimensionnel, le Nigérian est le premier Africain auquel la Philharmonie consacre une exposition.
Fela Kuti en concert au Shrine, la salle qu’il a créée, en 1978 à Lagos. (Adrian Boot/(c) Adrian Boot / urbanimage.tv)
publié le 15 décembre 2022 à 17h44

«Comme ça tu es l’homme colonisé /Tu as été un esclave avant /Ils t’ont désormais libéré /Mais tu ne t’es jamais libéré toi-même.» Pour l’auteur des lignes qui vont suivre, cela commença ainsi, quelques mots qui visent juste, après une longue montée en guise d’introduction, avant que tout l’orchestre n’entre en piste. Et la voix grave de tonner : «Colo Mentality !» L’homme au micro a changé de nom quelques années plus tôt, troquant Ransome, patronyme stigmate de la colonisation qu’il fustige dans cette chanson, pour Anikulapo-Kuti, «celui qui porte la mort dans sa gibecière» en yoruba. Cet homme-là, que toute la planète appellera bientôt d’un unique Fela, va réveiller les consciences bien au-delà même de son Nigeria natal. En France, au début 1980, que vous soyez d’obédience punk ou d’appartenance jazz, adepte du funk ou branché rock, ce message va porter, transformant durablement ceux qui le reçoivent.

«Un pilier de la culture mondiale»

Quarante ans plus tard, c’est encore la même histoire. Les fans de hip-hop comme les férus de musique électronique se retrouvent autour de ce personnage hors-norme dont l’aura n’a cessé de grandir depuis sa mort, le 2 août 1997. Porte-étendard du mouvement afrobeats qui colonise l’Amérique, le Nigérian Burna Boy, dont le grand-père Benson Idonije fut le premier manager de Fela Kuti, l’a samplé av