Il est 19 heures lorsqu’Alain Altinoglu nous retrouve à l’entrée de la Scala de Milan, où il doit diriger Werther de Massenet. A 48 ans, le chef français qui s’est produit dans tous les grands opéras de la planète, du Met de New York aux Covent Garden de Londres et Staatsoper de Vienne, en passant par les festivals de Salzbourg et de Bayreuth, n’a encore jamais dirigé d’ouvrage dans cette salle légendaire. Mais ce n’est pas pour cela qu’il est excité : ce métier qui le fait vivre à 200 à l’heure depuis vingt ans est toujours sa passion et il en accepte les contraintes joyeusement. Que de chemin parcouru depuis Alfortville, dans le Val-de-Marne, où il est né le 9 octobre 1975, de parents arméniens fraîchement immigrés d’Istanbul. Son père, prof de maths, dirigeait le chœur durant les messes de la cathédrale arménienne Sainte-Croix-Saint-Jean, dans le IIIe arrondissement de Paris. Sa mère tenait l’orgue et lui a appris le solfège et le piano, avant de succomber à un cancer lorsqu’il avait 12 ans. C’est à cet âge qu’il a rencontré la femme de sa vie, la mezzo-soprano Nora Gubisch. Ils étudiaient le piano au conservatoire de Saint-Maur. Puis cette dernière est entrée en classe de chant au Conservatoire de Paris et il a découvert le bonheur d’accompagner des chanteurs «car chaque timbre est absolument unique» comme il le rappelle dans sa loge tout en troquant son look jean-baskets contre un queue-de-pie de circonstance.
Opéra
Festival de Colmar : Alain Altinoglu, un chef d’orchestre au grand chœur
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Le chef français Alain Altinoglu, à l’Orchestre de la Radio de Francfort en 2020. (picture alliance/dpa/picture alliance via Getty I)
par Eric Dahan
publié le 1er juillet 2024 à 7h55
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