Au concours des groupes introuvables sur Google, France occupe une place de choix. Confidentiel depuis vingt ans, le trio formé autour de la vielle à roue de Yann Gourdon est suivi avec ferveur par des adeptes qui font circuler le tuyau de bouche à oreille comme un trésor inestimable. C’est que France ne fait pas de simples concerts, France vous transforme. On identifie un avant et un après. Notre jalon à nous se situe il y a dix ans, décembre 2015, dans un hall des Trans Musicales de Rennes dans un état de fatigue sidérale que le trio n’allait pas tarder à faire oublier, ainsi que tout le reste, nom, prénom, adresse, profession des parents.
Un concert de France, c’est un rythme de batterie et une note de basse, répétés imperturbablement et aussi longtemps que possible pendant que le joueur de vielle pétrit un unique accord qui, ce soir-là, allait enfler doucement jusqu’à déchirer la toile qui nous sépare de l’outre-monde et libérer des hurlements plus tout à fait humains. Une partie du public quittait le hall, désarçonnée par ce minimalisme sauvage, ceux qui restaient vivaient collectivement une expérience semblable à un rite initiatique.
Un moment décisif dans la préhistoire de France a lieu au mitan des années 2000 quand Yann Gourdon et le bassiste Jérémie Sauvage, alors étudiants aux Beaux-Arts de Valence, s’associent avec le batteur Mathieu Tilly pour