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Libération
Rencontre

François Tusques, un grand bol d’air free

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Le musicien de 86 ans pour qui la révolution est toujours d’actualité est une figure de l’aventure free jazz. Le label le Souffle continu réédite une partie de son œuvre.

François Tusques, chez lui à Paris, en juillet. (Ludovic Carème/VU')
Publié le 23/09/2024 à 8h46

Des étagères qui débordent de livres, un amoncellement de partitions, des rayons de CD et de LP au bord de l’effondrement, et puis un piano qui se tient droit, avec non loin une peinture figurant Monk et un tableau blanc où sont notés quelques thèmes de sa plume, bienvenue dans le grand bazar de François Tusques. A 86 ans, l’œil au taquet mais le corps usé, ce monstre défroqué du sacro-saint jazz survit, isolé dans la torpeur de l’été dans ce studio, perché au dernier étage au fin fond du XVIIIe arrondissement, qu’il habite depuis 1968.

«J’ai quand même pris un coup de vieux ! Je me remets doucement de trois mois d’hospitalisation en 2023, pour tout un tas de trucs.» Et de s’allonger sur le petit lit, le temps de passer à toutes ces questions qui se bousculent. La vie du jazz, c’est aussi ça et pas qu’aux Etats-Unis : dans le dénuement et l’oubli, sur qui et sur quoi compter à l’hiver d’une carrière ? «Le piano, c’est la seule chose qui me fait tenir.» Le dos courbé, droit dans ses idées, François Tusques demeure face au clavier un singulier du suggestif, du genre à dire que la prodigieuse pianiste Martha Argerich lui fait penser à l’idée qu’il se fait du jazz ultime quand elle aborde le répertoire de Chopin. Car voilà, l’avis du jazz, il s’en contrefout, ou plutôt il en a très vite eu un, hérétique face aux culs-bénits de tous bords qui n’ont jamais