Sans doute la chanteuse morte mardi 11 juin aurait balayé l’hypothèse, possiblement d’une de ces saillies assassines dont elle était une orfèvre notoire : si elle n’avait pas cartonné en chanson, Françoise Hardy aurait triomphé en mannequin. Mieux, en figure de style. Hardy, par sa silhouette, par son vestiaire et par son attitude, s’est inscrite dans le cortex collectif, et pas seulement français, comme un manifeste esthétique. Un roseau élégant, que ses choix vestimentaires reflétaient, mais dont la personnalité déteignait sur sa mise, équation décisive en matière de mode : habiter l’habit sera toujours plus important que la fringue elle-même, et les couturiers pouvaient passer, toujours le style Hardy restait.
Dès ses débuts, elle a fait partie de la famille des discrets, émergente à longue chevelure lisse et frange rideau qui protège le regard un brin effrayé par l’attention médiatique quand ses consœurs yé-yé Sheila ou Sylvie Vartan croulent sous les brushings bombés. Elle est grande pour l’époque, 1,72 m, et mince, alors que le morphotype de la liane n’est pas encore un idéal, celui de la pin-up à buste généreux et souligné prévaut encore. Elle dira d’ailleurs avoir été embarrassée par ce décalage initial, mal dans sa peau.
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Mais quand la mode s’éprend de court à la fin des années 60, avec le mannequin bri