C’est une scène à laquelle on ne s’attendait pas. Dimanche 4 février, moins d’une heure avant le début de la diffusion en direct des Grammy Awards, le rappeur Killer Mike, de son vrai nom Michael Render, a été menotté et embarqué par deux agents de police dans les couloirs de la Crypto Arena, où se déroulait la cérémonie. Il venait juste de remporter trois prix lors de cet équivalent des oscars de la musique. L’arrestation, filmée et diffusée par un journaliste du Hollywood Reporter sur X, a fait le tour des réseaux sociaux.

Selon la police de Los Angeles, Killer Mike était suspecté d’avoir participé à une «altercation physique» à moins de 100 mètres de la Crypto Arena. Après interrogatoire, le rappeur américain soupçonné de «coups et blessures» a finalement été relâché, relate la police.

Killer Mike venait de remporter trois Grammy dans une séquence filmée en amont de la cérémonie – si l’essentiel de la remise de prix est filmée en direct, certains passages ont été enregistrés avant –, dont celui du meilleur album rap de l’année pour son sixième opus, Michael. Un disque dans lequel il entendait «raconter l’histoire d’un jeune Noir qui grandit dans l’ouest d’Atlanta, afin que le monde puisse voir que notre histoire ne se résume pas à la victimisation et à la défaite, mais que nous pouvons gagner, prospérer et nous épanouir», avait-il expliqué pendant la cérémonie.

Killer Mike a également remporté le prix de la meilleure chanson rap, ainsi que celle de la meilleure performance rap pour son titre Scientists & Engineers, avec Andre 3000, Future et Eryn Allen Kane.

Jamais mis en cause publiquement par la justice auparavant, Killer Mike s’est fait remarquer dans sa carrière pour son activisme politique : soutien de Bernie Sanders en 2016 aux Etats-Unis, de Jeremy Corbyn en 2017 au Royaume-Uni, militant actif lors du mouvement Black Lives Matter en 2020… Michael Render est également un fervent défenseur des victimes de violences policières et du racisme systémique.

Pour l’heure, Killer Mike n’a pas commenté son arrestation. Selon l’agence Associated Press, l’artiste avait livré dans les coulisses des Grammy Awards : «A 20 ans, je pensais que c’était cool d’être un dealeur. A 40, j’ai commencé à vivre avec des regrets et les choses que j’avais commises. A 45 ans, je me suis mis à rapper sur ces sujets. A 48 ans, je me tiens ici en homme plein d’empathie et de compassion à l’égard de mes actions passées.»