C’est un garçon qui plane, au-dessus de nous et de tout. Comme dans le clip de Celestial Candyfloss («barbe à papa céleste», déjà le titre !), premier extrait de Sadness Sets Me Free, son nouvel album, Gruff Rhys chanteur et musicien ne connaît aucune pesanteur capable de le ramener sur le plancher des vaches galloises, pays dont il est par ailleurs l’un des historiographes, arpenteurs et musicologues les plus ardents. Depuis qu’il s’est désamarré des déjà bien perchés Super Furry Animals (fusée psychédélique lancée dans les années 90), entamant une trajectoire plus solaire que solitaire, Rhys jouit d’une liberté semblable à celle de Kevin Ayers – l’un de ses héros – lorsqu’il se déplaça ailleurs, sortant des rouages de Soft Machine pour alléger d’autant son style que son mode d’existence. Gruff comme feu-Kevin, à cinquante ans de distance, procurent une égale sensation de mobilité et de rêverie, transmise par une musique qui s’affranchit comme eux des cartes et des territoires.
Même l’insondable énigme du titre Sadness Sets me Free, huitième merveille solo de Rhys, traduit qu’envers et contre tout il n’a de cesse de quérir au vol cette liberté partout où elle se niche. «J’avais ce titre en tête, dit Gruff Rhys, les yeux fermés et le visage tendu vers le ciel, comme toujours en interview, s’exprimant avec un débit ralenti qui désarçonne. C’était comme un pilier autour duquel je pouvais agréger des chansons. Je m’intéresse à cette idée que les mé