«Tu parles d’une jeunesse sonique ! Les enfants du rock sont gériatriques, toutes les smac [scènes de musiques actuelles, ndlr] sentent la vieille couche», geignait superbement Pascal Bouaziz il y a quelques mois, sur le dernier album de Bruit Noir. Les enfants de Bruit Noir par contre se portent comme un charme : ils s’appellent Gwendoline, et deux ans après notre première rencontre, c’est à peine si leurs visages sont marqués par la myriade de concerts joués dans la foulée de leur premier album. Début 2022, la new wave galvanisante d’Après, c’est gobelet ! arrivait au moment parfait pour cueillir âmes et corps étriqués par deux ans de Covid et foutait le tout à la lessiveuse d’un désenchantement total. Depuis quand n’avait-on pas entendu un groupe français qui donnait autant envie d’aimer son prochain, de le retrouver au bar et de s’unir dans l’adversité en beuglant comme un seul homme la haine de la start-up nation ?
Aujourd’hui, beaucoup de choses ont changé pour Micka et Pierre. Les deux camarades musicaux de longue date avaient craché le premier album presque sans y penser, un été de retrouvailles bien arrosées à Rennes, alors qu’ils avaient déjà fait une croix sur leurs rêves de réussite, échaudés par une décennie à gratter aux portes. L’un était devenu pion, l’autre cuistot