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Critique

«140 BPM 2» : Hamza part en drill

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Avec son deuxième album, superbement élaboré, le rappeur belge explore le sous-genre né à Chicago.
On aime Hamza parce qu’il rêve bien, haut et fort. (Henri Doyen)
publié le 17 février 2021 à 4h26

Hamza est un rêveur. Un rêveur puissant, capable de voir pour son rap bien au-delà du carcan de l’ici et maintenant, et de transformer son plaisir de fan, et ses délires, en invention vivante et agissante. Ainsi, 140 BPM 2, son deuxième album studio officiel, est pour le Belge autant l’occasion d’asseoir sa suprématie de rappeur marmonneur sensuel que d’explorer la drill, champ musical en pleine expansion depuis sa naissance à «Chiraq» (le South Side de Chicago) et dont il a intégré les rudiments à distance, en ponçant les playlists de nouveautés et les clips les plus chauds du moment. Pas plus que son précédent Paradise, 140 BPM 2 ne se soucie trop d’ancrage géographique (sa propre commune de Laeken, à Bruxelles) ou de vécu au premier degré : comme à une autre échelle Drake, Hamza distord et accorde les conventions à ses goûts et à son imaginaire, même quand il s’agit de perpétuer un genre qui a fait tache d’huile pour le supplément de réel qui s’y niche.

Rappelons que la drill, qui a récemment explosé en France (chez Ziak, Gazo ou Freeze Corleone) après avoir mobilisé au Royaume-Uni jusqu’à devenir l’expression musicale la plus populaire dans les quartiers de l’inner city (des premiers crews comme le 67, originaire de Brixton, jusqu’à la star Headie One), se définit autant par sa forme – évolution de la trap moins swing, animée de coups de caisse claire imprévisibles et d’une basse en portamento permanent – que son lien direct avec la rue, à tel