C’était le 14 juillet 2024 à Pärnu, pittoresque station balnéaire sur la côte estonienne où, depuis quatorze ans, le chef Paavo Järvi anime un festival de musique classique. Au programme du concert du soir, la Symphonie en ut de Bizet, mais surtout Hans Christian Aavik dans le Concerto n°1 pour violon et orchestre de Max Bruch. Tandis que le jeune homme entre sur la scène du Pärnu Kontserdimaja, sa blondeur diaphane, sa silhouette longiligne et son port de tête aristocratique intriguent. On tente de chasser l’image pour se concentrer sur la musique mais force est de reconnaître, lorsqu’il se lance dans ce chef-d’œuvre épique, que le jeu du lauréat 2022 du concours Nielsen est en adéquation avec son physique.
Là où, romantisme allemand oblige, certains sortent l’artillerie lourde, Aavik cisèle des lignes mélodiques effilées, souples et altières, varie les articulations et les couleurs de manière très personnelle, tout en restant intégré à l’orchestre. Certes, le son est plutôt ténu, mais la conduite du discours est ferme et la projection vigoureuse. On pense à la jeune Vilde Frang pour la fraîcheur de l’interprétation, masquant une redoutable intelligence dans la conduite du discours, et pour cette élégance gracile qui n’est