Le «droit de voix» au prétoire. La cour d’appel de Paris a ordonné à la société de production du chanteur Grand Corps Malade et à sa maison de disques Universal Music France de retirer la voix de Fabien Lecœuvre d’une des chansons du slameur, écrite en défense de la chanteuse Hoshi, selon une décision rendue le 17 octobre et consultée ce mercredi.
En 2021, Fabien Lecœuvre, chroniqueur et auteur de plusieurs biographies d’artistes, s’était lancé sur une web-radio dans une diatribe contre la chanteuse Hoshi, critiquant son physique. «Enfin, vous mettez un poster de Hoshi dans votre chambre, vous ?» avait-il alors interrogé. «Mais elle est effrayante.» Ces propos avaient soulevé de vives protestations, obligeant l’écrivain à présenter des excuses à la chanteuse, victime à l’époque de harcèlement en ligne.
Quelques jours après ses propos contre Hoshi, Fabien Lecœuvre, qui intervient régulièrement dans les émissions de Cyril Hanouna, avait été écarté provisoirement de l’antenne d’Europe 1. Grand Corps Malade avait dans la foulée soutenu Hoshi en écrivant la chanson Des gens beaux. Ce titre, qui raille Fabien Lecœuvre, utilise l’enregistrement de ses propos contre Hoshi.
Atteinte à «son droit de voix»
Ce dernier avait alors assigné en justice le slameur et Universal Music pour atteinte à son droit de voix, qui fait partie du droit à la vie privée. En 2023, le tribunal de Paris avait donné raison au chanteur. Fabien Lecœuvre, qui avait fait appel, a cette fois obtenu gain de cause vendredi, la cour d’appel de Paris estimant que cette chanson «porte atteinte à son droit de voix» et que le chanteur aurait du demander le consentement du chroniqueur avant l’utilisation de ses propos.
Médias
La cour a ordonné la modification de la chanson en retirant les propos du chroniqueur et auteur, sous astreinte de 500 euros par jour de retard. La société de production du chanteur et Universal Music France ont aussi été condamnées à lui verser 10 000 euros pour préjudice moral.
Un pourvoi en cassation
«La chanson Des gens beaux est représentative dans sa forme artistique du mouvement d’indignation soulevé par les propos de [Fabien] Lecœuvre et contribue, par le dialogue qu’elle a cherché à instaurer avec l’auteur des propos polémiques, à la question d’intérêt général relative à la lutte contre toute forme de discrimination», ont indiqué dans un communiqué Fabien Marsaud, alias Grand Corps Malade, et son label, Anouche Productions.
«La Cour de cassation sera prochainement saisie de notre pourvoi», ont-ils ajouté. De son côté, la défense du chroniqueur s’est félicitée de la décision, estimant dans un communiqué que sa voix «avait été volée et reproduite sans son consentement. Cet arrêt rappelle l’un des principes fondamentaux du droit français qu’est le nécessaire respect des droits de la personnalité de tout individu», est-il ajouté.