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On y croit

House : Boston Bun, esprit de contradictions

Le Français livre un second album explorant les nuances d’un hédonisme communicatif.
Boston Bun, jeune producteur de house music français, a toujours su manier les contrastes. (Alexandre Faraci)
publié le 27 octobre 2024 à 2h32

Boston Bun n’a pas inventé le clair-obscur, ni le chaud-froid, encore moins l’attirance des contraires. Mais le jeune producteur de house music français, installé dans le sud après des années passées à Londres, a toujours su manier les contrastes. En 2021, son premier album, There’s a Nightclub Inside my Head, restituait, derrière un visuel évoquant un parking de supermarché déserté de nuit mais théâtre d’une house charnelle ancrée dans les années 1990, la carte mentale d’un club fermé pour cause de Covid et ouvert uniquement dans sa tête, avec «la cabine, le sound-system, les escaliers, le bar, l’odeur, le bruit de ma chaussure gauche sur le sol collant». Visuel froid, musique chaude et déjà un certain sens des contrastes.

Pour son deuxième album au titre tout aussi explicite, Mixed Feelings (Sentiments mitigés en VF), l’ex-pensionnaire d’Ed Banger, où il a fait des débuts tonitruants et publié quelques maxis à l’énergie démultipliée, Boston Bun délivre un album au groove communicatif et aux textures nuancées, qu’il matérialise par le nom de ses morceaux exprimant tous une certaine forme de dualité : Nobody // Me, Admiration // Jealousy, Maybe // Yes, Hold On // Move On, Never Change // Let It Go… Mixed Feelings, avec ses «cartes postales émotionnelles», comme les appelle Boston Bun, est d’abord une redoutable machine à tubes, où il parvient à évoluer avec finesse entre l’euphorie et la mélancolie, en empruntant parfois des voies éthérées à la Moderat (Contemplation // Destruction, Rise // Fall), midtempo (le délicat Maybe // Yes, porté par la voix de Poté) ou purement dancefloor (sous perfusion simultanée Chicago, French Touch ou UK garage, comme Save Me ou Fall // Rise). Quant à la clôture Joy // Sorrow, aux chœurs limpides comme échappés d’un vieux refrain disco, elle vient synthétiser les intentions artistiques du Français, cet entre-deux où les émotions viennent submerger le danseur au petit matin blême. Sentiments mitigés peut-être, mais résultat limpide.

Boston Bun Mixed Feelings (Future classic)

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