Forcément attendue, cette seconde offrande de l’électrisant Québécois. Garçon follement charismatique, scénique, imperméable à la tiédeur, et d’une subversion moderne. Il y a trois ans, concerts au culot renversant et provocations publiques dans la foulée de Darlène – «opéra postmoderne» riche d’une fulgurance FM (Fille de Personne II) et d’une foisonnante mélophilie à tiroirs – l’avaient mis sur orbite. Déferlante dans la Belle-Province, avec à la fois son lot de récompenses et de contempteurs. Premières accroches solides dans nos contrées. Coup de bluff heureux ? C’est toujours, ici, tempête dans un cerveau et songwriting affûté chez le chanteur androgyne de 26 ans. Créateur hors ligne, Hubert Lenoir adore boxer les esthétiques et réarticuler ses obsessions (l’ostracisation, l’identité sexuelle, la violence sociale, la course au matérialisme…). Explosif et ivre de liberté dans la forme, kaléidoscopique et mutant dans le ton.
Musique directe, comme un hommage au cinéma direct, genre né à la fin des années 50 au Québec et qui propose d’exposer une réalité non scénarisée. Musique directe, épaisse dans ce qu’elle brasse de matière brute et d’affect, d’inspiration mouvante puisée dans les enregistrements de son iPhone et de fantasmes personnels. Un va-et-vient incessant, chorégraphié sous forme d’itinéraire (Québec-Paris-Montréal-Québec), entre l’art, son expressivité et ses espaces, et la vie, ses reflux et ses hasards.
Hubert Lenoir arp