La mue
Octobre 1980, Sheffield. En activité depuis 1977, le groupe de pop synthétique The Human League, auteur de deux albums sombres et volontiers expérimentaux, se brise pour divergences artistiques irréconciliables. Martyn Ware et Ian Marsh, compositeurs et bidouilleurs, fondent Heaven 17, laissant le nom du groupe, ses dettes (et 1 % des recettes des futurs albums de The Human League) au chanteur Phil Oakey. Devenu seul maître à bord, Oakey opère une mue longuement réfléchie. Il commence par se débarrasser de toute velléité avant-gardiste. La musique synthétique quitte le champ de l’expérimentation pour celui de la pop grand public. Tout est pensé pour sortir du lot : les visuels, les choristes (jeunes), les chansons… et l’improbable coiffure du chanteur, qui imagine déjà les clients demander aux vendeurs le disque «du mec avec la drôle de coupe».
La pochette
A contre-courant des visuels de la première vie de The Human League, désincarnés et inquiétants, Phil Oakey et Adrian Wright, son «directeur des visuels», optent pour le minimalisme et l’incarnation renforcée. The Sound Of The Crown, premier single sorti en avril 1981, affiche de petits portraits des musiciens dans une mise en scène minimaliste. Six mois plus tard, l’album Dare puise son concept, enfin le vole, à la couverture d’avril 1979 de l’édition britannique du magazine de mode Vogue. Le titre, la typographie, ainsi que dans une moindre mesure la composition de l’image et le maquillage, tout vie