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Délivrance

Iran : le rappeur contestataire Toomaj Salehi retrouve la liberté après treize mois de prison

Le chanteur, soutien de la contestation née après la mort de Mahsa Amini, a été libéré sous caution samedi 18 novembre, sur décision de la Cour suprême. Mais la répression ne faiblit pas contre les artistes, empêchés de travailler, enfermés voire torturés par le régime.
Le rappeur iranien Toomaj Salehi, symbole et soutien du mouvement de contestation en Iran. (instagram@toomajofficial)
publié le 19 novembre 2023 à 20h34

Un homme libre, un bouquet de roses à la main. C’est une image que de nombreux Iraniens et Iraniennes attendaient depuis plus d’un an. Elle est devenue réalité samedi 18 novembre, avec la sortie de prison du célèbre rappeur Toomaj Salehi. Après treize mois derrière les barreaux pour avoir soutenu le mouvement de contestation provoqué par la mort de Mahsa Amini, en septembre 2022, il a été libéré sous caution sur décision de la Cour suprême.

Le chanteur de 32 ans avait été arrêté en octobre 2022, puis condamné à six ans et trois mois de prison pour «corruption sur terre», le chef d’accusation le plus courant, avec celui d’«inimitié envers Dieu», appliqué aux opposants par la justice iranienne. Il avait soutenu, à travers ses chansons et sur les réseaux sociaux, le mouvement de protestation déclenché après la mort de la jeune Kurde iranienne, tuée par la police des mœurs, qui lui reprochait d’avoir enfreint le code vestimentaire imposé aux femmes. Plusieurs centaines de personnes ont été tuées et environ 15 000 arrêtées, lors des manifestations d’octobre et novembre 2022.

L’autorité judiciaire avait accusé le chanteur, entre autres, de «propagande contre le système», d’avoir «troublé la sécurité» du pays, «coopéré avec les Etats hostiles à la République islamique» et «incité à la violence». Il avait, peu avant son arrestation, donné une interview très virulente à Radio Canada. Il risquait la peine de mort. De nombreuses personnalités, dont la dessinatrice Marjane Satrapi, avaient plaidé sa cause.

Des artistes toujours emprisonnés

Le rappeur kurde Saman Yasin, arrêté lui aussi en octobre 2022, a été condamné à la peine de mort, avant d’obtenir la révision de son procès, à une date encore inconnue. Il a pu dénoncer, dans des messages audio, les tortures dont il a été victime. Selon des mouvements d’opposition, un autre rappeur kurde, Omid Majidi, a été arrêté à Sanandaj, dans l’ouest du pays, le 15 novembre. Le chanteur Mehdi Yarrahi a de son côté passé un mois et demi en prison, avant d’être libéré sous caution le 23 octobre.

Par ailleurs, l’actrice Hanieh Tavassoli a été «condamnée à six mois de prison et une amende de 150 millions de rials [environ 300 euros] pour avoir publié de fausses informations avec l’objectif de perturber l’opinion», a déclaré dimanche 19 novembre son avocate, Me Maryam Kianersi, citée par le média réformiste iranien Shargh. Cette peine est suspensive pendant trois ans. Hanieh Tavassoli, 44 ans, fait partie de la douzaine de comédiennes récemment privées de travail pour non-respect du code vestimentaire, en particulier du port du voile.