Il est 22h45, des types à petit chapeau de paille dansent avec une satisfaction pas très éloignée de l’orgasme, un groupe d’étranges créatures qui étaient quelques heures plus tôt de simples collégiennes hululent à la Lune glabre, un type à queue-de-cheval, torse nu sous son gilet en cuir vous demande si vous avez une feuille à rouler, quand soudain trois employés d’un cabinet d’experts-comptables se lancent dans une reprise de Téléphone. Vous êtes à la Fête de la musique. Que vous posiez une RTT le lendemain pour en profiter jusqu’à l’aube ou que vous vous calfeutriez dès la première note de guitare filtrée par un ampli bon marché, vous connaissez la chanson, et pour cause : elle claironne depuis quarante ans. Une institution désormais implantée partout dans le monde – plus de 120 pays participants à ce jour – et enfin prête à repartir en cette date anniversaire, après deux éditions soumises aux restrictions sanitaires, qui n’a plus qu’une lointaine ressemblance avec la tocade improvisée et pas mal incongrue qui a débarqué le 21 juin 1982 devant un public un rien interloqué. Une idée que l’on doit à de grands spécialistes de l’invention spontanée, en tête desquels Jack Lang, ministre de la Culture du gouvernement Mitterrand en 1981, aujourd’hui figure indissociable de l’évènement. Enjoué, précis, les mains courant sur les touches d’un piano qu’on ne saurait définir, les yeux toujours prêts à s’écarquiller pour un livre, un film ou – tiens – une idée, il nous a reçu à l’Inst
Interview
Jack Lang: «Si on avait lancé la Fête de la musique en 1981, on se serait fait massacrer»
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Jack Lang au piano au lancement de la Fête de la musique. (Pierre VAUTHEY/Sygma via Getty Images)
publié le 21 juin 2022 à 6h46