Ca doit être l’esprit de Noël. A moins que ça ne soit la sortie prochaine d’un album (Vultures, le 12 janvier). Ou tout simplement une prise de conscience, certes tardive. Le rappeur américain Kanye West s’est excusé mardi 26 décembre auprès de la communauté juive, un an après des propos antisémites qui avaient provoqué l’indignation et mis fin à de juteux contrats commerciaux entre de grandes marques et le musicien.
«Je m’excuse sincèrement auprès de la communauté juive pour toute indignation provoquée par mes mots ou mes gestes. Ce n’était pas mon intention de choquer ou de manquer de respect et je regrette vraiment quelque douleur que j’ai pu provoquer», est-il écrit sur son compte Instagram en hébreu. Le musicien, qui se fait appeler Ye, dit vouloir travailler sur la question et «apprendre de cette expérience pour avoir davantage de sensibilité et de compréhension à l’avenir».
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Une déclaration accueillie avec prudence par l’Anti-Defamation League (ADL), important groupe américain de lutte contre l’antisémitisme. «Les actes seront plus éloquents que les mots, mais ce premier acte de contrition est le bienvenu», a commenté l’association sur X (anciennement Twitter), rappelant les «dommages incalculables» causés par le chanteur qui a pu via sa célébrité «empoisonner d’innombrables esprits avec un antisémitisme et une haine vicieux».
Dîner chez Donald Trump en présence d’un suprémaciste blanc
A l’automne 2022, Kanye West, qui dit souffrir de troubles bipolaires, s’était fendu de plusieurs sorties à caractère antisémite. Lors d’un entretien il y a un an, il avait déclaré voir des «choses positives aussi concernant Hitler», «nous devons arrêter d’insulter les nazis en permanence. […] J’adore les nazis.» Peu avant, le rappeur avait arboré lors d’un défilé à Paris le slogan «White Lives Matter», détournant le nom du mouvement antiraciste «Black Lives Matter». Il s’était aussi rendu à un dîner chez Donald Trump en présence d’un suprémaciste blanc.
Kanye West avait ensuite vu son compte Twitter suspendu pour «incitation à la violence», après la publication d’une image représentant une croix gammée entrelacée avec une étoile de David. Son compte a depuis été rétabli par le réseau social devenu X. Dans la foulée, la marque de vêtements Adidas avait décidé de rompre sa collaboration avec l’artiste, l’une des plus fructueuses dans le monde de la mode avec notamment la collection de baskets Yeezy. La chaîne américaine de prêt-à-porter Gap et maison de mode Balenciaga avaient aussi coupé les ponts.
Il avait écrit en mars que regarder l’acteur Jonah Hill dans le film 21 Jump Street lui a fait «aimer à nouveau les juifs». Mais il y a seulement dix jours, rapportait TMZ, une nouvelle vidéo émergeait dans laquelle on pouvait l’entendre de nouveau tenir des propos antisémites. A Las Vegas, entouré d’une dizaine de personnes, il s’est notamment écrié : «Jésus-Christ, Hitler, Ye ! Sponsorisez ça !», semblant tracer une ligne directe allant de Jésus à lui-même en passant par le dictateur nazi. On pouvait aussi l’y entendre affirmer que les Juifs sionistes possèdent toutes les banques, les hôpitaux et même les écoles privées de Los Angeles. Une saillie antisémite de plus.