Le soir descend sur la Konzerthalle de Bamberg qui surplombe le bras gauche de la rivière Regnitz. Il n’est pas courant qu’une ville de presque 80 000 habitants dispose d’un orchestre permanent. C’est pourtant son cas depuis 1946, date à laquelle les musiciens du Théâtre allemand de Prague, contraints de fuir la Tchécoslovaquie, s’établirent dans ce conservatoire à ciel ouvert de l’architecture bavaroise, miraculeusement épargné par les bombardements des alliés. Dès 1949, l’excellence des Bamberger Symphoniker, forgée dans la fosse du Théâtre des Etats de Prague où Mozart dirigea la création de Don Giovanni, leur valut d’être le premier orchestre allemand invité en France, mais également dans le reste de l’Europe et aux Etats-Unis. Leur compromission avec le régime nazi avait été moindre que celle du Philharmonique de Berlin, et ils représentaient alors un vestige précieux du melting-pot culturel qu’avait été l’empire Austro-Hongrois : n’avaient-ils pas eu Carl Maria von Weber pour directeur musical et Richard Wagner en chef invité ? Puis, après la scission d’avec leurs collègues bohémiens, Gustav Mahler comme chef principal, puis Alexander von Zemlinsky, George Szell, Erich Kleiber et Otto Klemperer en visiteurs occasionn
Philharmonie
Jakub Hrusa, Tchèque d’orchestre
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Jakub Hrusa à la tête du Bamberger Symphoniker au Festival du printemps de Prague, en 2019. (Michal Krumphanzl/AP)
par Eric Dahan
publié le 10 janvier 2022 à 3h54
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