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Libération
On y croit

Jawhar et son «arabic dream pop», le langage des rêves

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Dans son nouvel album, le chanteur et compositeur franco-tunisien atteint des sommets mélancoliques.
Révélé aux Transmusicales de Rennes en 2019, Jawhar sort un superbe nouvel album, "Tasweerah". (Silvano Magnone)
publié le 26 mars 2022 à 14h41

S’il fallait encore prouver que la musique est un langage universel, alors Tasweerah fera merveilleusement l’affaire. Cette belle pièce à conviction se joue des frontières pour toucher le cœur sans que la raison n’ait l’occasion de crier sa confusion. Dès le morceau d’ouverture, Malguit, le cerveau rempli de pop anglo-saxonne croit entendre la batterie se mettre en branle comme sur l’intro de Five Years (Bowie période Ziggy) et le chant flotter au-dessus de la musique à la manière d’un Nick Drake. Il est vite trop tard pour s’interroger sur ces hallucinations sonores ou le sens des paroles. Le charme de la voix opère déjà. On le ressent plutôt qu’on le comprend, ce chant reflète des luttes intérieures, des interrogations spirituelles et des puits sans fond de mélancolie.

Né dans la banlieue de Tunis mais ayant fait ses études d’anglais à Lille, Jawhar est un cauchemar vivant pour les extrémistes qui veulent circonscrire la culture à l’expression d’un nationalisme. A part Born Again où il utilise l’anglais, Jawhar Basti chante systématiquement dans sa langue natale, l’arabe. Dans sa bouche se mêlent ainsi des souvenirs du chaâbi tunisien avec des échos de la plus noble pop-folk britannique – toujours la connexion avec Nick Drake, confirmée sur C.Z. - bien aidés par la bande de multi-instrumentistes belges qui ont participé à l’enregistrement du disque. Elégants et sobres, Eric Bribosia (clavier), Yannick Dupont (basse, trompette), Loui