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Libération
Menace d'expulsion

«Je pensais que ça arrivait aux autres» : l’artiste marocaine Meryem Aboulouafa placée sous OQTF

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Installée en France depuis plusieurs années, l’autrice-compositrice-interprète marocaine a reporté la sortie de son second album «Family», en raison du non-renouvellement de son titre de séjour, assorti d’une obligation de quitter le territoire.

Le deuxième album de Meryem Aboulouafa devait sortir le 26 septembre. (Hind Aliliche/Shaker)
Publié le 29/08/2025 à 17h01

Ce sont deux mondes qui se percutent. Le 23 juin, à Sens, dans l’Yonne, Meryem Aboulouafa, 36 ans, prépare déjà sa rentrée, la sortie de Family, son deuxième album, alors prévue le 26 septembre, la pochette, la promotion, la tournée, une première date à Marseille, en attendant une autre à l’Institut du monde arabe en fin d’année. Ce jour-là, un courrier de l’Administration numérique pour les étrangers en France tombe dans sa boîte mail. Simple formalité, songe-t-elle, avant de découvrir tout le contraire : non-renouvellement de son titre de séjour, assorti d’une obligation de quitter le territoire (OQTF), dans un délai de trente jours… Le déni, puis l’incompréhension totale, puis la détresse. Sans attendre, elle dépose un recours. «Vous avez votre maison, vos affaires, votre véhicule, vos engagements professionnels et en trente jours, il va falloir vous organiser pour partir, résume-t-elle. Par où vous commenceriez, vous ?»

«Je suis venue pour des raisons historiques»

Deux mois plus tard, elle nous reçoit dans une petite maison de Colombes, dans les Hauts-de-Seine, où elle continue de préparer le concert de Marseille, toujours prévu le 18 septembre. La sortie de l’album, elle, a été repoussée en décembre. Sweat-shirt gris, sourire tenace et mine quelque peu fatiguée par l’été d’inquiétudes. «Tout est en suspens, assure-t-elle, sans réponse pour la suite.» Elle est tiraillée. Entre l’envie de raconter, le trouble, l’inconfort, le désarroi, l’arbitraire, et une certaine crainte, celle de