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JO de Paris 2024 : enquête ouverte après la plainte pour cyberharcèlement de la DJ Barbara Butch, au centre de la scène polémique lors de la cérémonie d’ouverture

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Le parquet de Paris a annoncé ce mardi 30 juillet ouvrir une enquête après la plainte de la DJ Barbara Butch déposée la veille. Celle qui était au centre d’une séquence de la cérémonie d’ouverture réalisée par Thomas Jolly dénonçait des insultes et menaces.
Capture d'écran de la cérémonie d'ouverture des JO diffusée sur France télévisions.
publié le 29 juillet 2024 à 19h33
(mis à jour le 30 juillet 2024 à 19h43)

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Une enquête a été ouverte ce mardi 30 juillet après la plainte déposée la veille par Barbara Butch, figure des platines et de la communauté queer ayant participé à la cérémonie d’ouverture des JO. Le parquet a précisé que le pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH) a saisi l’office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de haine (OCLCH) «d’une enquête portant sur les messages discriminants à raison de la religion ou orientation sexuelle, qui lui ont été adressés ou postés en ligne et signalés par Pharos», plateforme de signalement de contenus illicites sur le Net. «Ces faits sont susceptibles d’être qualifiés d’injures aggravées par la discrimination, menaces de mort, et provocation publique aux atteintes volontaires à la vie ou à l’intégrité physique des personnes», selon le ministère public.

Lundi 29 juillet, la DJ Barbara Butch avait annoncé sur Instagram porter plainte pour cyberharcèlement, seulement trois jours après sa participation à la cérémonie d’ouverture des JO de Paris. Elle y tenait un rôle central dans la scène de banquet, le tableau «Festivité», où elle partageait la passerelle Debilly avec Nicky Doll, drag-queen animatrice de l’émission Drag Race France, Fauve Hautot, danseuse de l’émission Danse avec les stars, ou encore le chanteur Philippe Katerine déguisé en Dionysos bleu, lors d’une succession de défilés et moments de danse. Une séquence peu appréciée par la Convention des évêques de France, qui lui voyait une trop forte ressemblance avec La Cène, de Léonard de Vinci. Le metteur en scène Thomas Jolly a quant à lui précisé qu’il souhaitait simplement représenter une «grande fête païenne» autour du dieu Dionysos.

Depuis cette cérémonie, la DJ «fait l’objet d’une campagne de cyberharcèlement et de diffamation», a-t-elle déclaré, via un communiqué de son avocate sur Instagram. Le texte fait état de menaces «de mort, de torture et de viol» et de nombreuses «injures à caractère antisémite, homophobe, sexiste, et grossophobe». Des faits contre lesquels elle a donc annoncé porter plainte, et prévient entendre «poursuivre toute personne qui, à l’avenir, chercherait à l’intimider».

Audrey Msellati, avocate de Barbara Butch, a déclaré sa cliente «évidemment heureuse de savoir que l’OCLCH a été saisi» ce mardi 30 juillet. «Ce geste du PLNH est très fort car il signifie que les faits sont pris extrêmement au sérieux […] et que l’enquête pourra être menée dans le cadre d’une entraide pénale internationale», a-t-elle ajouté.

La DJ a accompagné ce communiqué d’un long texte, dans lequel elle rappelle se sentir «extrêmement honorée d’avoir pu participer à la cérémonie» et avoir «le cœur en liesse». Elle y a également rappelé ses valeurs – «l’amour et l’inclusivité» –, qu’elle veut transmettre via sa musique, pour «permettre à [sa] toute petite échelle de faire nation sur le dancefloor».

Mais cette volonté n’a pas empêché une vague de cyberharcèlement, dont «les messages sont de plus en plus extrêmes». Si Butch avait décidé dans un premier temps de se taire, espérant que la haine en ligne se calmerait, elle a finalement décidé de prendre la parole. «N’en déplaise à certains, j’existe. Je n’ai jamais eu honte de qui je suis et j’assume tout – y compris mes choix artistiques», écrit-elle. Et de conclure : «Ma France, c’est la France.»

Mise à jour : mardi 30 juillet, ouverture d’une enquête par le parquet de Paris.