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Musique

Julia Holter, fenêtre sur corps

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Inspirée par son expérience de la maternité et de la mort, la compositrice et chanteuse américaine sort «Something in the Room She Moves», un sixième album singulier, organique et sensible.
Julia Holter le 1er février à Paris. (Emma Birski/Libération)
publié le 1er avril 2024 à 15h47

Il se passe toujours des millions de choses dans les disques de l’Américaine Julia Holter. Des myriades de vies minuscules qui fourmillent à l’intérieur des fibres et replis de cette musique, positivement inqualifiable, à la fois intime et grandiose, maîtrisée et désorientée, ensorceleuse et parfois revêche, savante autant qu’intuitive, qui procure à chaque fois à l’auditeur cette sensation d’être aspiré, impuissant, dans quelque gouffre inconnu. On en trouvait l’illustration parfaite avec Turn the Light on, en ouverture de son album précédent, Aviary, morceaux avalanche où elle semblait perdre pied avec nous, communiquer tant son vertige que s’enivrer du nôtre, sans jamais donner l’impression d’en connaître l’issue.

Ici à nouveau, sur ce sixième album qu’elle aura mis cinq ans à fabriquer, enceinte puis jeune mère, et donc en disposition idéale pour traduire en sons et sentiments les bouleversements qui s’opéraient en elle, les lois de la gravité sont encore rudement mises à l’épreuve. Plus court et aéré toutefois qu’Aviary, Something in the Room She Moves offre encore de traverser des états physiques et émotionnels que peu de musiques procurent dans les sphères (élargies) de la pop contemporaine. Par sa façon d’embrasser les formes les plus équilibristes et d’y insuffler tout de même une certaine grâce attirante, elle