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On y croit

Avec son album «Toujours plaire», Julia Jean-Baptiste le cœur lourd et la tête haute

La Lyonnaise prend un virage rock dans un second album où elle évoque avec panache ses chagrins et ses fêlures.
«Toujours plaire», second album pour Julia Jean-Baptiste. (Lucas Donaud)
par Alexandra Dumont
publié le 5 avril 2025 à 9h50

Sur la pochette de son nouvel album, Julia Jean-Baptiste s’affiche bravache. Toute de cuir vêtue, le port altier et les cheveux gominés, accroupie, les jambes écartées, sur une table déjà dressée, la Lyonnaise défie ses convives, un pied de biche calé sur l’épaule gauche. Une attitude guerrière, virile, qui se refuse à toute forme de domination : l’intention est à l’opposé de celle de ses débuts. La chanteuse aux trois prénoms, comme elle aime à se surnommer, a essuyé à seulement 18 ans les plâtres du star-system en poussant joliment la chansonnette sur la scène de la Star Academy avant de se faire timidement un nom sur la scène indé dans les groupes Nouvelle Vague et Paradis. Puis, en 2023, son premier album, Cinérama la dévoilait en cinquante nuances de pop radieuse et groovy, aux vapeurs bossa-nova et biguine, avec des influences héritées de ses racines martiniquaises paternelles.

Avec ses nouvelles chansons rock sans guitare, bien aiguisées en compagnie de son complice artistique et partenaire dans la vie, Jean-Sylvain Le Gouic (Juveniles), la chanteuse revient à ses premières amours adolescentes – où Ghinzu, The Strokes et les New York Dolls occupent la même position d’influence – tout en conservant son ADN pop. La passion de sa moitié pour les claviers 80′s marque ses mélodies au fer d’une electro disco qui se confond avec ses propres aspirations esthétiques new wave, froide et sans paillettes. Chagrin d’amour, relation d’emprise, injonction à plaire, autodépréciation, spirale dépressive, catastrophe magnifique, rupture, ode au silence : Julia Jean-Baptiste chante ses désordres intimes sans verser une larme avec un détachement aussi insolent qu’admirable. «Je descendrai de ma tour/ Réparer leur tristesse/ Puisqu’un torrent d’amour/ Est la plus belle des promesses», conclut-elle, en déposant un baiser sur ses fleurs préférées, les lilas, dans le titre du même nom. Là où les fleurs fleurissent, les blessures cicatrisent, l’amertume s’évanouit.

Julia Jean-Baptiste Toujours plaire (Kwaidan Records)

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