Kaija Saariaho est l’un des compositeurs majeurs d’aujourd’hui, mais également une femme sincère et attachante. Si l’on a souvent évoqué son art dans les colonnes de Libération, de nombreux malentendus subsistent à son égard. «Je ne compose pas aujourd’hui. Venez, j’ai du temps pour parler», nous a-t-elle dit, au téléphone, la semaine dernière, avant de nous recevoir chez elle, près de la place de Clichy, à Paris.
Du temps, il en faut pour lui faire dire ce qui l’irrite mais qu’elle feint de ne pas remarquer. Qu’on la range dans la case des compositrices, tout d’abord : «Quand on va chez le docteur, ce n’est pas important si c’est un homme ou une femme, non ?» Qu’on dise, ensuite, de sa musique qu’elle est fragile ou évanescente, alors qu’elle est solidement construite, notée dans ses moindres détails. Enfin, qu’on la présente comme héritière du courant spectral alors qu’elle a inventé son propre langage. «Je n’ai pas de tabou qui vienne de l’histoire de la musique ou d’ailleurs mais, pour gérer tous les paramètres d’une composition, je préfère trouver mes propres solutions. Ce qui déclenche une œuvre, c’est un certain sentiment vis-à-vis du matériau musical ; voilà pourquoi chaque composition doit avoir sa propre nature et même sa propre odeur.»
«Chaque note doit avoir sa place»
Elle est née Kaija Anneli Laakkonen, le 14 octobre 1952, à Helsin