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Katy Perry, Billie Eilish, Stevie Wonder : plus de 200 artistes appellent à protéger la création musicale face à l’IA

Entre l’intelligence artificielle et les artistes, ça ne passe pas. De nombreuses stars internationales du monde musical ont signé une tribune, publiée ce mardi sur le site Medium, pour une meilleure régulation de l’IA.
Katy Perry, Billie Eilish et Stevie Wonder. (Richard Shotwell. Mario Anzuoni/AP. Getty Images. REUTERS)
publié le 3 avril 2024 à 15h54

Vous écoutez probablement l’un d’entre eux : dans une lettre ouverte diffusée mardi sur la plateforme de publication Medium, plus de 200 artistes de renom ont appelé à mieux protéger la création et les droits des auteurs. Avec l’association Artists Rights Alliance (Association pour les droits des artistes), ils alertent face à la menace d’une intelligence artificielle «prédatrice» qui pourrait «détruire l’écosystème de la musique».

«Nous, membres de la communauté des artistes et des compositeurs musicaux, appelons les créateurs d’IA, firmes de la tech et plateformes à cesser d’utiliser l’intelligence artificielle et de porter atteinte aux droits des artistes humains», démarre la tribune. Ses signataires cumulent des milliards d’écoutes en ligne. Stevie Wonder, la chanteuse Nicki Minaj, ou encore l’ex membre des One Direction, Zayn Malik, y appellent à mettre fin au développement de technologies visant à remplacer l’art humain, et qui priveraient les artistes d’une «juste rémunération» : «Pour de nombreux musiciens, artistes et compositeurs qui essaient simplement de joindre les deux bouts»‚ l’utilisation irresponsable de ce genre d’IA est «catastrophique.»

Tensions entre plateformes numériques et l’industrie musicale

C’est surtout la recrudescence d’intelligences artificielles dites génératives, permettant notamment d’imiter les voix, qui inquiètent les stars de la musique – et le milieu du doublage. Si l’IA représente «un potentiel énorme pour faire progresser la créativité humaine», explique la tribune, «certaines des plus grandes et puissantes entreprises sont en train d’utiliser sans autorisation notre travail pour entraîner ses modèles». Une situation favorisée par une intelligence artificielle encore peu ou mal régulée.

Le mois dernier, l’Etat du Tennessee, centre névralgique de l’industrie musicale, a été le premier aux Etats-Unis à adopter une loi pour protéger les professionnels du milieu face à ce danger. Le «ELVIS Act» (Ensuring Likeness, Voice and Image Security Act, ou «loi pour sécuriser l’authenticité de la voix et de l’image») interdira à partir du 1er juillet, la reproduction sans consentement de la voix d’un artiste à l’aide de l’intelligence artificielle. Une législation similaire est en cours d’examen au niveau fédéral, au Congrès américain et dans plusieurs autres Etats.

Les tensions entre plateformes numériques et l’industrie musicale à ce sujet ont déjà des conséquences. Le géant de l’industrie musicale Universal Music Group a cité l’IA comme l’un des facteurs de rupture de ses négociations avec le réseau social TikTok. Dans une lettre ouverte aux artistes, le groupe déplorait que «TikTok permette à sa plateforme d’être inondée d’enregistrements générés par intelligence artificielle». Le désaccord a mené au retrait sur le réseau social de nombreuses musiques d’artistes issus du label Universal, comme Taylor Swift ou Beyoncé.