Cet article a été publié en partenariat avec le festival Nuits sonores.
Université de Warwick, milieu des nineties. Steve Goodman, jeune doctorant originaire d’Ecosse, se rapproche du Cybernetic Culture Research Unit (CCRU), l’unité de recherches en culture cybernétique cofondée par les philosophes Mark Fisher, Sadie Plant et Nick Land. En pleine montée de sève théorique, Goodman participe en parallèle d’une thèse sur l’usage offensif du son (qui aboutira à un livre, Guerre sonore) aux écrits proliférants du collectif, entre accélérationnisme et science-fiction. Un néologisme y revient souvent, celui d’«hyperstition», dont on pourrait résumer le sens à l’avènement d’une idée philosophique dans le réel et que nos renégats philosophiques augmentent volontiers, pour résumer leur pratique, de «théorie fiction hyperstitionnelle». Goodman synthétisera des années plus tard ses activités au sein du CCRU comme un art de la simulation.
Celles qu’il mène depuis deux décennies au sein du label qu’il a fondé, Hyperdub, sont tout aussi expérimentales et dissidentes mais autrement concrètes puisque Goodman, alias Kode9, a participé à travers elles à changer la musique électronique en profondeur. Musique électronique dont Hyperdub est un fleuron, fleuri à la marge du genre le plus révolutionnaire d