Universal respecte-t-elle bien la liberté de concurrence au sein de l’UE ? La Commission européenne a annoncé mardi 22 juillet ouvrir une enquête sur le projet de rachat de la firme américaine de services musicaux Downtown par la major Universal Music Group (UMG), qui lui a été notifié en mai.
Dans un communiqué, l’exécutif européen, chargé de faire respecter la libre concurrence dans l’UE, dit s’inquiéter de possibles abus de position dominante d’UMG sur certains marchés à la suite de cette acquisition, estimée à 775 millions de dollars. Downtown, qui gère les répertoires et droits de milliers d’artistes, «traite des données commercialement sensibles de maisons de disques tierces», explique la Commission. Après l’acquisition, Universal «serait probablement incité à utiliser ces données pour ses propres activités, notamment liées à la musique enregistrée».
Un empire en expansion
«L’accès d’UMG à ces données pourrait nuire aux maisons de disques concurrentes et, à terme, renforcer (le groupe), déjà leader sur le marché de la distribution en gros de musique enregistrée» dans l’espace économique européen, est-il souligné dans le communiqué. La Commission précise qu’elle va mener une enquête approfondie pour vérifier si ses inquiétudes initiales en matière de respect de la libre concurrence se confirment ou pas. Elle se fixe jusqu’au 26 novembre pour prendre une décision.
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«L’ouverture d’une enquête approfondie nous permettra d’évaluer plus précisément si cette acquisition aurait un impact négatif sur les artistes, les maisons de disques et, in fine, sur les consommateurs européens», a précisé le commissaire européen à l’Économie, Valdis Dombrovskis.
En octobre dernier déjà, Universal Music Group ajoutait à son cheptel d’entreprise PIAS Group, pilier de la musique indépendante belge et bastion de l’industrie musicale en Europe, avec 19 bureaux dans le monde et dix sous-labels dont Different, Harmonia Mundi (acquis en 2015) ou V2 (acquis en 2013 en même temps que le groupe Cooperative).
Universal Music France, véritable mastodonte de l’industrie qui regroupe près d’une cinquantaine de labels appartient - par le biais de son groupe Vivendi - à Vincent Bolloré, homme d’affaires breton ultraconservateur qui ne cesse de gagner du terrain dans l’industrie culturelle.
Mis à jour à 17 h 44 avec davantage de contexte et la déclaration du commissaire européen à l’Économie.