La musique est tellement sourde qu’elle semble avoir été enregistrée au fond de la fosse des Mariannes. Puis, reconnaissable entre toutes, la voix surgit : pas de doute, il s’agit bien d’Ol’Blue Eyes, le seul et unique Frank Sinatra qui croone «it’s Christmas time and you know what that means»… Que les collectionneurs se calment : il ne s’agit pas d’une chanson inédite, mais d’un faux. Ce titre au son caverneux n’a jamais été enregistré par Sinatra, mais généré il y a huit mois par le système d’intelligence artificielle (IA) d’OpenAI, un laboratoire de San Francisco fondé en 2015 par Elon Musk et plusieurs autres démiurges de la Silicon Valley. OpenAI a pour but de «découvrir et promouvoir une intelligence artificielle amicale». Comprendre une IA au service de l’espèce humaine au contraire de celle, redoutablement hostile, imaginée par James Cameron dans Terminator.
En plus de travailler dans des domaines comme la robotique, les dizaines de chercheurs d’OpenAI planchent aussi sur la manière dont l’IA peut offrir de nouveaux outils aux compositeurs de musique, un domaine en pleine expansion (Libération du 13/03/2020). En 2019, le labo a révélé son premier projet musical, MuseNet un système qui permet de générer des titres de quatre minutes uti