Le 11 novembre, «Libé» investit la Cité de la musique à Paris pour ses 50 ans. Au programme, débats et rencontres pour décrypter l’actualité, découvrir les coulisses du journalisme et réfléchir à la marche du monde. Inscription ici. En attendant l’événement, retour sur quelques articles consacrés à notre anniversaire et 50 histoires folles qui n’auraient jamais pu avoir lieu ailleurs qu’à Libération.
A 50 ans, Libé n’a toujours pas de Rolex, parce que sans pactole, la fête est plus folle. Considérant comme une victoire d’être non seulement arrivé à cet âge canonique, mais aussi d’avoir survécu à l’ennui mortel du Covid, votre grand guincheur de journal s’est évidemment tourné vers les collectifs de la nuit pour organiser la danse de ses 50 ans. Ils font d’un seul geste l’avant-garde esthétique et politique de la fête, bruyante, chaotique, inclusive, spectaculaire, mélangée. Ils s’appellent Maraboutage, Crystallmess, Yelle, Deena Abdelwahed, et ce 11 novembre, ils clôtureront le festival des 24 heures de Libé à la Cité de la musique en nous faisant danser jusqu’à l’aube. Et avec tout ça, vous n’avez toujours pas pris votre place ? Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez vous ? Comment ça, il vous faut onze raisons de venir vous déhancher avec nous sur le dancefloor ? Allons bon.
Raison 1. C’est dans un lieu exceptionnel que l’on dansera, à savoir la «rue musicale» de la Cité de la musique, un large couloir courbe au sol parfaitement adapté à la pratique de la gymnastique. Avez-vous déjà twerké tête en bas dans un lieu institutionnel subventionné à hauteur de 7 millions d’euros par l’Etat ? C’est l’occasion ou jamais.
Raison 2. Aucun membre de Yelle ne portera de legging fluo. La chanteuse frangée Julie Budet et son compagnon-producteur GrandMarnier ont beau avoir fourni l’un des hymnes les plus remarquables du mouvement Tecktonik avec leur remix électro de A cause des garçons, ils sont tout sauf restés coincés dans leur heure de gloire. Ils ont mûri, leur pop avec eux, et le tout sans prendre de bide. C’est donc d’autant plus notable : ils pourraient encore porter le slim, mais ils ont choisi d’en prendre congé.
Raison 3. Se recueillir sur la tombe du soldat inconnu, c’est surfait. Recyclez ces tristes couronnes de fleurs abandonnées aux quatre vents de la place de l’Etoile et placez-les sur votre tête. Voilà, vous êtes une reine. La reine de la Nuit de Libé.
Raison 4. Aux alentours de minuit et demi aura lieu la plus grande expérience d’hypnose collective de tous les temps : à la seule force de leurs beats, les grands professeurs de déhanché du collectif Maraboutage déplaceront la Cité de la musique à Marseille, sur l’emplacement du Stade-Vélodrome. Si vous n’y croyez pas, c’est que vous n’aurez pas été là.
Raison 5. Deena Abdelwahed est la meilleure. De la musique électronique qui cherche. De la musique électronique qui fait danser. De la musique électronique qui fait penser. De la musique électronique qui fait voyager – de la Tunisie au Golfe. De la musique électronique qui connaît le monde. De la musique électronique qui vous retourne comme un gant. Vous êtes-vous déjà fait retourner comme un gant ? Venez essayer pour voir.
Raison 6. Le prix, bon sang ! 25 euros, c’est certes un peu plus cher qu’une rave party (jetons un voile pudique sur votre budget kétamine) mais vous n’aurez à subir ni le vrombissement des groupes électrogènes ni l’enfer des toilettes sèches.
Raison 7. De l’autre côté de la Manche se déroulera, pile au même moment, le gros festival de Fatboy Slim, All Back To Minehead. Face à ces hordes d’Anglais costumés en Pikachu discount qui se jetteront ivres morts dans le canal de Bristol, il faut montrer que nous sommes à la hauteur. Nous ne sommes peut-être pas les rois du rugby mais nous sommes les rois de la troisième mi-temps.
Raison 8. Christelle Oyiri alias Crystallmess est la seule artiste de la scène électronique à pouvoir se dire pluridisciplinaire sans mentir. Pas seulement pour ses travaux plastiques et autres installations, mais parce qu’elle donne tout ce qu’elle peut, tout ce qu’elle a, avec une discipline de fer quel que soit le contexte, la première partie d’un concert de Frank Ocean ou une fête décadente dans un appartement. Tout peut arriver quand elle mixe, un hymne de Sonic Youth ou un tube de shatta de la Martinique.
Raison 9. Venez jouer à «Où sont les critiques ?» dans la foule et défiez à un concours de jumpstyle (ou de menuet, tous les goûts sont permis) ces affreux journalistes musicaux qui, ce soir encore, comme le reste de l’année, vous imposent leurs goûts et conchient les vôtres.
Raison 10. Il n’y a pas de punaises de lit à la Philharmonie.
Raison 11. En 1993, pour ses 20 ans, Libé organisait une teuf avec 6 500 personnes dans la grande halle de la Villette et mettait les places en vente sur le 3615 RAVE. Par la suite, de nombreux médias (et pas forcément de droite) fustigeaient l’initiative en tenant des discours ridicules, paternalistes, hygiénistes, réactionnaires sur le milieu de la techno. Ne prenez pas le risque de vous retrouver du mauvais côté de l’histoire : venez.