La techno, invention musicale sophistiquée et radicale, est née à Detroit, Michigan, dans la deuxième moitié des années 80. A la conjonction de la house en accélération perpétuelle dans les clubs de Chicago, de la new wave européenne, du funk psychédélique de Funkadelic et de la techno pop visionnaire de Kraftwerk, une bande d’apprenti alchimistes afro-américains grandis à Belleville, banlieue ennuyeuse située à l’ouest de la Motor City, a fait sortir de l’éther la musique à danser la plus futuriste et contagieuse qui soit, dont l’essor et l’expansion artistique se prolongent encore, presque quarante ans plus tard. Detroit, pourtant, n’a jamais récolté les fruits touristiques ou économiques de son legs monumental. Estropiée socialement, urbainement, architecturalement par une situation sociale et économique désastreuse depuis la fermeture de quantité d’usines automobiles, la ville s’est laborieusement dotée depuis 2000 d’un festival dédié, le Detroit Electronic Music Festival (devenu Movement) et d’un musée de la techno, Exhibit 3000, dont tous ceux qui l’ont visité pourront témoigner qu’à l’instar de la maison de Fela Kuti à Lagos, il n’en est pas vraiment un – quelques vitrines remplies de memorabilia poussiéreuse et l’opportunité hasardeuse de croiser «Mad Mike» Banks, leader très politisé du légendaire collectif Underground Resistance, en train de jardiner
Billet
La techno berlinoise entre au patrimoine culturel de l’humanité, mais la gentrification tape toujours sur le système
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Dans les couloirs du Tresor, le club emblématique de Berlin, en juillet 2016. (Maurice Weiss/Ostkreutz.Libération)
par Olivier Lamm
publié le 15 mars 2024 à 17h38
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