«J’aurais pu mourir à Woodstock dans les bras d’une héroïne/ Charger la mule, charger le corps, chercher le néant»
Forcément la première phrase de son nouvel album appelle la sempiternelle question à son propos : toujours aussi optimiste ? «Je reste dans l’idée que c’est dans l’ombre qu’on perçoit la lumière. Je suis très Corot et Odilon Redon, je vois tout en gris.» Les années passent, la sombreur reste en place chez Marcel Kanche, d’une intensité telle que l’âme irradiée s’éclaire. A l’image de ses précédents recueils, la photo qui orne ce disque – cinquante nuances de gris ou presque, seyant autour d’un banc blanc – s’inscrit dans cette ligne esthétique. Il en va de même en musique, cheminant à son tempo sur ces sentiers noirs, buissonniers et bruissants, qui serpentent loin d’une gloire toute tracée qu’il n’a jamais traquée. Et pourtant.
Des hits, il en a signé : Qui de nous deux par M, Divine Idylle selon Vanessa Paradis. «Un tube, même si c’est une alchimie, cela reste lié à l’interprète, à une voix. Qui de nous deux, je l’aurais fait, tout le monde s’en foutrait. Je pense que j’ai écrit beaucoup de tubes, mais ça restera des tubes de plombier.» Le rire est léger, sa voix toujours aussi grave. Six ans après son splendide MOR, Marcel Kanche persiste donc dans les tonalités aussi sombres que ses textes sont clairvoyants,