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On y croit

Lambrini Girl, deux filles en colère

Ce jeune duo punk militant de Brighton fait très mal avec un premier album délicieusement vociférant.
Lambrini Girls, deux Anglaises qui veulent tout casser avec leur premier album, «Who Let the Dogs Out». (DR)
publié le 11 janvier 2025 à 8h26

Musicalement, l’appel à l’insurrection dionysiaque de ces furies de Brighton n’a certes rien de révolutionnaire. On peut en tracer l’arbre généalogique en partant du MC5 ou des Sex Pistols jusqu’à l’informel mouvement Riot Grrrl des années 90. Mais, si le style n’est pas nouveau, l’électricité de leurs guitares et leurs vociférations véhémentes ont de quoi faire délicieusement saigner n’importe quels tympans.

Les jeunes incendiaires de Lambrini Girls sont apparus sur la scène britannique en 2023 avec l’EP You’re Welcome, dont le single Help me I’m Gay, lointain cousin du Touch me I’m Sick de Mudhoney, donnait le ton. Ces militantes féministes, progressistes, bisexuelles, de gauche etc. sont très en colère. On pourrait s’arrêter là. De fait, le duo coche avec naturel toutes les cases du wokisme punk, passant sur leur premier album d’un manifeste anti-patriarcat à une déclaration pro queer ou à un brûlot anti-bourgeoisie britannique. Tout le monde, à commencer par le fameux «mâle blanc», en prend pour son grade dans de réjouissantes cacophonies électriques dépassant rarement trois minutes. Mais, pendant que la lourde basse de Lilly Macieira sature l’espace, c’est la manière dont Phoebe Lunny projette sa voix comme si elle voulait vous cracher au visage, passant d’un parler-chanter fiévreux à de féroces grognements, qui marque les esprits. On songe forcément à Jason Williamson de Sleaford Mods, auquel le duo semble rendre hommage dans le Cuntology 101 qui clôture l’album sur une touche synthétique. Les deux Lambrini Girls pourraient reprendre à leur compte le célèbre slogan que Woody Guthrie avait écrit sur sa guitare dans les années 40 : «Cette machine tue les fascistes». Mais, si rien ne dit qu’elles vont enfin réussir à nous débarrasser des réacs de tous poils, on peut en revanche leur faire confiance pour les rendre sourds en les fracassant sur leur mur de son.

Lambrini Girls Who Let the Dogs Out (City Slang)

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