La découverte : Lawrence Hart, le cœur à l’ouvrage
Une tronche. Le genre de producteur dont le CV ne semble pas trop prédisposer à suer de la matière pour dancefloor. On raconte. Enfant, Duncan Tootill (son vrai nom) est initié à la musique classique par son grand-père, Geoff Tootill, un génie scientifique, développeur du premier ordinateur basé sur l’électronique. A quinze ans, il se met à la trompette jazz et écume déjà la scène de New York où il réside alors. Mais patatras, quelques années plus tard il tombe raide dingue d’electro et commence à travailler avec le producteur George FitzGerald avec la sortie d’un premier maxi commun en… 2015. Eh oui, il aura quand même fallu dix ans pour qu’arrive enfin ce premier album, fortement orienté Garage-2 step, bande-son typique du South London où il habite. Un disque extrêmement chaleureux où les plug in n’occupent pas le devant de la scène, car Hart tient avant tout à interagir physiquement avec ses instruments.
Loin des productions aseptisées comme en pilotage automatique, ce geek des synthés réussit à faire chanter ses machines dans une noria étincelante. Difficile de résister à la torche flamboyante de Closer to You, tube de ce radieux Come in out of the Rain qui devrait logiquement agripper les fans de Caribou et Four Tet. Ses trois influences majeures, le gourou du dubstep Burial, le pianiste improvisateur Keith Jarrett et le scientifique de la house Leon Vynehall, dressent en filigrane le portrait d’un homme exigeant et libre. Si on associe habituellement haute capacité technique avec une certaine froideur, ce n’est pas le cas ici. On sent très fort battre son cœur. Au point de rajouter un «e» à Hart.
Lawrence Hart Come in out of the Rain (Domino Records)
La playlist
Le Diouck Fly Anyr&ce (feat. Lala &ce)
Arabo-andalou ou arabo-afro ? On est fasciné par ce fond sonore électronique venu d’ailleurs imaginé pour dompter le flow ténébreux de cet artiste intriguant aux origines sénégalaises. Certainement unique.
Ben Mazué Cécile gagnant
Un joyau extrait du dernier album de ce chanteur sensible. L’histoire vibrante en mode folk dénudé du désir impossible pour un homme d’avoir une petite fille. On sent le vécu, mais qui sait ? Jamais dire jamais.
Wet Leg Catch These Fists
Portées aux nues avec le formidable Chaise Longue, les filles de Wet Leg sont attendues pour leur second album dont ce single est presque aussi entêtant que le tube qui les a lancés.
Francis Lai Concerto pour la fin d’un amour (Play Paul remix)
Le compositeur préféré de Claude Lelouch est l’objet d’un album de reprises prévu en juin. Hors d’œuvre : un extrait de la BO d’Un homme qui me plait en mode electro-Supertramp revisité. Kitsch et chic.
Tune-Yards Limelight
Un parfum de funk 80’s avec un travail sur le rythme et de réjouissantes boucles de basse et de batterie minimaliste. Comme un mélange Fun Boy Three, ESG et Polyphonic Size.