Loué par les amoureux du piano pour son répertoire immense, déployé sur 88 CD, autant que pour sa technique surhumaine, Marc-André Hamelin demeure toujours aussi peu connu du public français. Sans doute parce qu’il a choisi d’enregistrer de nombreux compositeurs atypiques, d’Alkan à Kapustin, pour le label indépendant anglais Hyperion, auquel il est fidèle depuis 1991, et n’a pas bénéficié du matraquage publicitaire que seules peuvent offrir des majors comme Warner, Sony ou Universal. De passage dans la capitale, en juin, pour jouer le Concerto en fa, de Gershwin, avec le Philharmonique de Radio France, il a accepté de répondre à nos questions, en prélude à son retour au festival Piano aux Jacobins de Toulouse, où il interpréta, en 2022, la redoutable sonate Hammerklavier de Beethoven dont il publie, à 63 ans, une lecture lumineuse.
Votre jeu, caractérisé par une grande clarté rythmique et un lyrisme profond, évoque les légendes du début du XXe siècle, comme Ignaz Friedman, Jan Paderewski, Benno Moiseiwitsch… étrange pour un natif de Montréal !
Mon père, pharmacologue, collectionnait leurs enregistrements ainsi que ceux de Leopold Godowsky, Moriz Rosenthal, Josef Lhévinne et Sergueï Rachmaninov. Il jouait également très bien Chopin, Liszt et Schumann, et il m’a autant in